Bénin : Messe d’aurevoir à Sr Marie Francis

Publicado el : 22 de julio de 2020

Ce samedi 18 juillet 2020 en l’église Sainte-Trinité de la Zopah a été célébrée une messe d’action de grâce au Seigneur en l’honneur des 51 années de mission de Sr Marie-Francis au Bénin.

A la suite de cette Eucharistie, un partage fraternel a eu lieu à la communauté Sainte-Rose-de-Lima de la Zopah chez les Sœurs Dominicaines. Au cours de ce repas, les novices dominicaines ont exécuté un beau chant composé par le noviciat en l’honneur de l’heureuse du jour. Il faut rappeler qu’à l’entrée de la célébration, le célébrant principal Fr Éphrem OP a remercié les personnes consacrées présentes d’être venues entourer et rendre grâce avec Sr Marie-Francis à l’invitation des sœurs et frères dominicains. En effet, la messe a connu la participation d’une quarantaine de personnes consacrées.

Voici le texte de l’homélie prononcée au cours de la messe par le Fr Pierre-Paul :

Chers amis,
Ce matin, nous sommes rassemblés autour de Sœur Marie-Francis pour lui dire notre amitié et lui manifester notre fraternité en saint Dominique. Son départ est l’opportunité que nous offre Dieu pour lui dire notre reconnaissance. Une reconnaissance réciproque marquée par ce qu’elle a apporté à l’Eglise qui est au Bénin depuis plus de 50 ans et par ce cordon ombilical fraternel qui nous lie à elle depuis qu’elle posé sa valise missionnaire sur le sol dahoméen. Elle avait à peine 30 ans quand elle découvrait pour la première fois le continent africain et qu’elle foulait le sol du Dahomey encore jonché de débris de fétiche. C’est dans cet environnement marqué par un paganisme très visible et très agressif que sœur Marie Francis a commencé sa mission.
Sœur Marie-Francis, nous te remercions pour ta présence, tes soins, ta délicatesse, ta bonté de femme et de mère et pour ta bienveillance. Cette bienveillance circule entre nous, tes sœurs et frères dominicains y compris les âmes que le Seigneur te confiait au Bénin depuis plus de 50 ans et dont nous sommes tous témoins. Nous nous réjouissons aujourd’hui de cette bienveillance qui a marqué ostensiblement nos relations fraternelles et qui a toujours suppléé à nos carences individuelles et communautaire. Et nous le savons le bien, on peut avoir des yeux et ne pas voir, des oreilles et ne pas entendre, passer toute une vie à côté des perles qu’on laisse tomber à terre.
Toute aventure missionnaire est un saut non dans le vide mais dans la confiance protectrice et providentielle de Dieu. Dans ta nouvelle mission, n’aie donc pas peur de ta fragilité, de ta vulnérabilité, de tes limites encore moins des entraves inhérentes à toute aventure missionnaire. C’est une réponse libre et personnelle à l’appel de Dieu pour lui vouer toute sa vie ; mais la réponse à cet appel se précise, se confirme, se clarifie et s’approfondit en communauté avec des frères ou des sœurs que l’on n’a pas choisies. Les dimensions individuelle et communautaire de cet acte sont inséparables et nécessaires à sa survie. Celle-ci requiert la connaissance sans cesse croissante de Dieu, la maîtrise de soi, la persévérance, l’esprit religieux, l’amour fraternel et la passion de l’homme.
Voilà les six étapes qui constituent les marches d’un escalier que nous devons emprunter pour aboutir à la croissance spirituelle. Nous pouvons ici établir un lien entre la survie d’un engagement à la suite du Christ et la croissance spirituelle. L’une a besoin de l’autre pour durer, grandir comme un arbre et porter beaucoup de fruits. Les étapes proposées pour favoriser la croissance spirituelle montrent également que la vie missionnaire est comme les marches d’un escalier. Malgré le poids des années et les expériences accumulées, on découvre progressivement l’appel de Dieu et on y répond même si on ne comprend pas tout. C’est pourquoi elle nécessite confiance, patience, discernement, assurance et persévérance. Dieu appelle, l’appelé a peur, il se sent indigne et incapable ; mais Dieu lui rappelle sa présence et son réconfort pour l’apaiser. Dieu appelle l’homme malgré sa fragilité, sa vulnérabilité et son inconstance à s’engager toute sa vie au service de son peuple. Ainsi s’accomplit la parole du prophète Isaïe : « Voici mon serviteur que j’ai choisi ; c’est lui mon bien-aimé, celui qui fait mon plaisir. Je mettrai sur lui mon Esprit pour qu’il annonce le jugement aux nations païennes. Il ne discutera pas, il ne criera pas, on n’entendra pas sa voix sur les places. Il n’écrasera pas le roseau brisé, il n’éteindra pas la mèche qui fume encore, jusqu’à ce qu’il fasse triompher le bon droit. L’espérance des nations reposera sur son nom »
Sœur Marie-Francis, le monde a soif de témoignages concrets et édifiants susceptibles de le faire sortir de l’engrenage du doute, de l’angoisse, de l’ignorance et de la pauvreté sous toutes ses formes. Le témoignage qu’il attend encore de toi doit être l’expression de ta compassion associée au courage d’être proche et à l’écoute de tous surtout des plus démunis. Et c’est l’un des socles du témoignage que tu nous laisses. Tu veux être bienveillante, plus proche des plus démunis même si tu n’es pas toujours comprise et tu n’as été toujours comprise. Ton expérience auprès des malades mentaux est un livre de vie, une béatitude que nous sommes invités à contempler et à reproduire. Merci pour cette présence bien discrète et combien précieuse auprès de nos sœurs et frères malades et abandonnés par leur famille.
L’autre mal dont souffre notre monde aujourd’hui est la désespérance. Le sentiment que rien ne pourra positivement changer nous ronge, nous déstabilise et ce virus atteint même les agents pastoraux et les missionnaires qui sombrent dans la mélancolie alors qu’ils sont appelés à veiller et à garder allumée la lampe de l’espérance. La grisaille de la vie quotidienne nous rend inactifs et passifs. Ta mission a consisté et consistera à raviver l’espérance de tant d’hommes et de femmes et à être source de joie pour tous ceux qui sont prématurément abîmés par la morosité.
L’aventure missionnaire nous met en mouvement pour un cheminement vers un terme dont nous soupçonnons à peine les contours. Nous nous mettons en marche dans la foi pour aller quelque part, pour suivre Jésus. Nous avons ainsi entamé à notre tour l’itinérance spirituelle du Père des croyants. Dès qu’il a entendu l’appel de Dieu, il y a répondu sans hésiter, sans exiger de garantie. “Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père pour le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation, je te bénirai. Je ferai que ton nom soit grand, et tu seras une source de bénédiction… Abram partit donc comme Dieu le lui avait ordonné… » (Gn 12, 1…4).
Et c’est pourquoi le Christ nous invite tous dans l’Evangile à imiter sa compassion pour que le monde puisse faire l’expérience de l’amour du Père malgré les adversités et les hostilités qui se dressent sur nos chemins. L’amour dont il est question ici ne relève pas d’un simple sentiment humain. Il s’agit de l’amour témoigné par le Christ à chaque être humain durant sa vie terrestre. Jésus nous propose trois gélules dont nous avons le plus besoin aujourd’hui à savoir la fidélité, l’espérance et la joie qui ont un lien étroit avec la mission du serviteur bien décrite dans cet Evangile : « Il ne discutera pas, il ne criera pas, on n’entendra pas sa voix sur les places. Il n’écrasera pas le roseau brisé, il n’éteindra pas la mèche qui fume encore, jusqu’à ce qu’il fasse triompher le bon droit. L’espérance des nations reposera sur son nom ». Il y a un lien entre l’aventure missionnaire et la mission du Serviteur. Ce lien est d’autant plus évident que la fidélité à notre engagement de serviteurs de Dieu favorisera la transmission de la foi, la compassion et la proximité permettront d’arracher à la désespérance ceux qui en sont victimes et la vivacité de l’espérance sera le vecteur de la joie que nous communiquerons au monde. Toutes ces trois gélules à savoir la fidélité, l’espérance et la joie sont disponibles à la pharmacie de l’Amour, rue de la Foi, quartier Solidarité.