Bénin : Réflexion sur les loisirs

Publié le : 14 juillet 2015

Dans le livre du Qohéleth nous trouvons une caractéristique du sage : celle de savoir reconnaître et apprécier le temps qualitatif selon les événements :
" Il y a un moment pour tout, un temps pour chaque chose sous le ciel :
un temps pour mettre au monde et un temps pour mourir ;
un temps pour planter et un temps pour arracher ce qui a été planté ;
un temps pour démolir et un temps pour bâtir
un temps pour pleurer et un temps pour rire….. "

L’alternance de travail/repos est présente dès les premières pages de la Bible. Dieu lui-même, selon l’image biblique, est l’exemple de cette alternance nécessaire à l’être humain.
Le temps du travail a la grandeur immense de la collaboration avec Dieu à l’œuvre de la création, de gagner le pain et de subvenir aux besoins de la vie humaine, de l’effort pour rendre le monde un peu plus humain et habitable pour tous…
Le repos et le loisir nous introduisent dans la dimension de la gratuité, dans la bénédiction d’un temps sabbatique : « Le septième jour, Dieu a terminé le travail qu’il a fait. Et le septième jour, il se repose de tout le travail qu’il a fait. Dieu bénit le septième jour : il fait de ce jour-là un jour qui lui est réservé » Gn 2, 2-3.
Ce temps contribue à mettre en relief une dimension parfois dévaluée socialement : ne chercher pas seulement à être productif, rentable et utile. Être à Dieu dans la contemplation du cadeau de sa création ; être aux autres dans une relation d’attention et de présence désintéressée ; être à nous-mêmes et tenir notre « âme égale et silencieuse comme un enfant dans les bras ou le dos de sa mère » (d’après le psaume 132). Le temps de loisir nous aide à ramer contre courant contre la valorisation de la vie par un bon travail, un grand salaire, des grosses dépenses même pour se reposer.
Oserons-nous faire nôtre et répondre affirmativement à l’invitation du Christ à ses disciples fatigués par la mission : « Venez vous reposer un peu » ( cf. Mc 6, 31). Oserons-nous prendre au sérieux et lutter contre la tentation de l’activisme, comme le Pape François vient d’exprimer dans le discours à la curie romaine le 22 décembre 2014 :
« Il y en a une autre : la maladie du "marthalisme" (de sainte Marthe) de l’excès d’activité, c’est-à-dire de ceux qui se plongent sans le travail, en négligeant inévitablement, la "meilleure part" : s’asseoir aux pieds de Jésus (cf. Lc 10, 38-42). C’est pour cela que Jésus a appelé ses disciples à "se reposer un peu" (cf. Mc 6, 31), parce que négliger le repos nécessaire conduit au stress et à l’agitation. Le temps du repos est nécessaire à qui a accompli sa mission : c’est un devoir qui doit être vécu sérieusement, en passant un peu de temps avec sa famille, et en respectant les vacances comme des moments de recharge spirituelle et physique. Il faut apprendre ce que Qohélet enseigne : "Il y a un temps pour toute chose" (3, 1-15). »

Voici le partage de quelques Sœurs du Bénin sur les loisirs de l’été dernier :

Un moment inoubliable durant un petit séjour au bord de la mer pendant les congés en France. J’ai contemplé un coucher de soleil splendide et j’ai repensé à ce magnifique passage de Nietzsche dans « Ainsi parlait Zarathoustra » que le Père Eloi Leclerc a repris dans son livre « Le soleil se lève sur Assise » p. 35
« Une fois encore je veux aller auprès des hommes. Je veux décliner parmi eux. En mourant, je veux leur offrir le plus riche de mes dons ».
J’ai appris cela du soleil, quand il descend, lui qui déborde de richesse. Alors il déverse dans la mer l’or à profusion, inépuisable, et voici que même le pêcheur le plus humble rame avec une rame d’or… »
Le Père Eloi qui avait connu l’horreur de la déportation à Buchenwald était encore sous le choc de cette immense souffrance. Il répond à son ami par un passage d’Apollinaire :
« Mon pauvre cœur est un hibou
Qu’on cloue, qu’on décloue, qu’on recloue.
Du sang, d’ardeur, il est à bout. Tous ceux qui m’aient, je les loue »
Mystère de l’Amour Créateur et de la souffrance de l’homme


Action de grâce au Seigneur pour les moments de joie, de trouble et de confiance en Lui les 23 et 24 Juillet et 21 Août 2014.


Temps de « loisirs » : les jours où j’ai partagé la vie du noviciat avec un horaire souple laissant beaucoup de temps pour Dieu et pour soi ; dans un climat de simplicité, de partage, de dialogue, d’attention à l’autre, bref : un temps de « convivence » où il faisait bon « vivre en sœurs »


Temps de peinture des mandalas
Temps de natation (lors de la sortie communautaire, dans la mer et la piscine pendant les congés)


Je bénis le Seigneur pour le temps de ces deux mois partagé. Un temps qu’a été bien relaxé et beau, avec beaucoup de petites activités avec toutes mes sœurs.
Aussi le partage de ce temps avec les Sœurs Agnès et Nieves avec beaucoup d’apprentissages. Que toute gloire soit rendue à Dieu. Amen ! Alléluia.


Joie de contempler les écureuils jouant dans les pins, en pensant à l’éternelle jeuneuse de Dieu.


Une chose qui m’a donné de la joie au cours de l’année : le jeu des amies invisibles.


Temps de loisir, temps de sentir l’harmonie de tout mon en être, temps de jouir de la gratuité de la vie.
L’élaboration du savon au cail-cédrat, à l’aloès, au coco…, avec une grand-mère. Moment contemplatif. Comme la vie même : mélanger, battre, attendre l’instant précis de la saponification, voir surgir la pâte bénéfique pour notre santé. Moment riche d’écoute de l’autre et de silence, de faire ensemble…

Document(s)

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 14 juillet 2015