Bénin : Jubilé de 135 ans, par sr Marie Josèphe Pont

Publié le : 31 août 2015

A mes jeunes sœurs béninoises.

Ce n’est pas courant, mais c’est ce qui m’arrive en cette année 2015. Pas banal, me direz-vous ? Hier 30 août, le vicariat du Bénin au complet se retrouvait à la communauté Ste Rose de Lima pour célébrer la clôture du chapitre. Les sœurs qui avaient participé à la rencontre d’Avila nous ont transmis l’écho de ce qu’elles avaient vécu, et l’une d’entre elles parlait de la spiritualité dominicaine comme spiritualité de la rencontre.

135 ans d’itinérance dominicaine – 135 ans de spiritualité de la rencontre.

Mai 1940 Début de l’itinérance pour le bébé qui venait de naître et avait à peine 3 semaines lorsque qu’elle s’est retrouvée sur la route de l’exode.

4 août 1965 1ère profession à Mortefontaine.
Le juniorat était installé dans une aile des communs du château. Les études se faisaient déjà à distance – et oui, mes jeunes sœurs « Rien de nouveau » comme dit Qohélet ! Quand il fallait se rendre à l’université à Paris pour l’un ou l’autre cours et surtout pour les examens, nous étions accueillies au foyer de la rue de Condé. Pour éviter tous ces trajets en bus (le RER n’existait pas), le juniorat fût transféré à Neuilly l’année suivante.
Septembre 1966, une autre page d’itinérance s’ouvre pour moi : arrivée avec un diplôme d’infirmière, débutant une licence d’histoire, à la demande de la prieure générale et pour répondre à un besoin, mes études basculent vers des études d’éducatrice spécialisée. Pendant les 2 années de stages, j’ai vécu l’itinérance, ne rentrant en communauté que pour mon jour de repos quand le stage était en région parisienne ou à la fin du stage. Avec beaucoup d’autres de mes sœurs, j’ai vécu la révolution étudiante de mai 68 - c’était pour ma promotion l’année réservée aux cours …
30 août 1970, profession perpétuelle et assignation à l’IMP d’Anglet pour 2 ans car dès septembre 1972 je rejoignais l’IMP de Loures. Là s’est ouvert pour moi, pendant 14 ans, une grande étape d’itinérance intérieure, au milieu de toutes mes activités d’infirmière et d’éducatrice. C’est là qu’a basculé ce qui deviendra la seconde étape de ma vie missionnaire : la pastorale liturgique et sacramentelle. En 1986 les sœurs quittent définitivement l’IMP et je suis assignée à la communauté de Chalon sur Saône en vue de l’ouverture, en 1987, d’une seconde communauté, ouverture demandée en application du chapitre provincial.

4 août 1990 25 ans de profession – Nouvelle itinérance.
Les prieures générales de la fédération de France décident l’ouverture d’un noviciat inter congrégation pour l’année canonique. Et me voilà assignée à Corbeil-Essonnes avec 3 autres professes de différentes communautés dominicaines. Un clin d’oeil particulier à vous, Aline et Maria, mes soeurs de Gramond. C’est le début d’une autre itinérance, celle de la vie en inter congrégation. Après la fermeture de Corbeil, cette itinérance se poursuivra à Dijon en communauté avec les « Petites sœurs dominicaines », habitant en appartement en quartier HLM, jusqu’en janvier 2004, date de la fermeture de leur communauté. C’est alors que je reprends la vie en CRSD à la communauté de Dijon, rue Claude Bouchu.
Septembre 2005 Départ et arrivée au Bénin.

Année 2015 : 135 ans de Jubilé.

La spiritualité de l’itinérance dominicaine n’a de sens (orientation et signification) que vécue dans la rencontre : rencontre intérieure avec l’Autre et rencontre avec les frères et sœurs, proches ou éloignés. La Bible est riche de rencontres, mais aussi de fuites. Quelle a été la qualité de mes rencontres ? Ont-elles toujours témoigné de ce Dieu qui m’habitait ?
Merci à vous, mes sœurs, qui m’avez permis de poursuivre « l’itinérance - chemin de rencontre ». Après 75 ans de vie, 50 ans de profession, 10 ans de mission au Bénin, le flambeau que je voudrais transmettre à mes jeunes sœurs est celui de la confiance. Aux heures de doutes, de tentations de fuite, soyons certaines que jamais le Seigneur, même s’il semble se faire silencieux, ne nous abandonne. Qu’il mette sur la route de chacune de nous un « compagnon de route », celui du jeune Tobie (Tb 5, 4 ss.), celui de la route d’Emmaüs (Lc 24 13-34) ou celui de la route de Gaza (Act 8, 26-40). Qu’il fasse de chacune de nous des ’compagnes’ de route.
Merci.
« Je sais en qui j’ai mis mon espérance, je suis sûre de son amour. Oui, Il me gardera jusqu’à son retour ».