Brésil : profession perpétuelle de Sr Maria Apparecida (1er décembre 2019)

Publié le : 1er décembre 2019

Sur cette date mémorable, je vous présenterai le point de vue d’une française, avec sa culture, sa vision et ses mots français, pour traduire ce moment toujours unique : l’engagement définitif d’un de ses membres.

J’ai d’abord trouvé très intéressant son enracinement préalable dans les multiples “triduum” organisés a Belo Horizonte, San Domingos do Prata, Porteirinha ...la préparation du grand jour ne concernait pas seulement Maria, sa communauté, sa province voire sa congrégation, mais, tous les laïcs, familles , amis, fraternités dominicaines et sympathisants, constitués autour du charisme de st Dominique, dans les différents lieux de l’histoire et de la mission des sœurs... moi-même, française ne parlant pas le portugais, j’ai vécu comme membre de communauté vaste communauté, ces célébrations vivantes, au cœur des terres brûlées au nord du Minas, verdoyantes de San Domingos do Prata, ou encore dans ces communautés populaires du Barreiro.
Pendant la célébration j’ai noté la présence de personnes aveugles et de sourds, qui avaient leur place , comme tout un chacun , comme si leur handicap n’existait pas, ainsi que la présence d’un homme survenu à l’improviste, et prenant sans complexes un fruit dans la corbeille des offrandes ; sa désinvolture n’a choqué personne ; j’ ai repensé alors à ce que quelqu’un m’avait dit un jour : « la qualité d’une communauté se mesure à sa capacité d’accueil, d’intégration de quiconque se présente à sa porte, comme il est, sans questions ni jugements... »
Au début de la célébration J’ai aimé la vigueur de la prière, parlée et chantée, par les jeunes, les vieux, les enfants, gestuée, avec le cœur et le corps, sans craindre la force des décibels... et dans cette grande église, remplie par les proches et amis de Maria et des sœurs, j’ai eu l’impression que toute l’âme brésilienne s’exprimait là, « à la brésilienne », très différente, dans ses aspects extérieurs, de « l’âme française », mais pleine de vie et de foi.
De l’homélie je retiendrai ces quelques mots adressés à Maria par le célébrant, le père Paulo Gabriel ; puisses-tu revêtir le Christ dans ta vie, à travers l’esprit et l’œuvre de saint Dominique... que ceux qui te rencontreront voient le Christ à travers ta vie... qu’ils puissent dire aux autres “quand je vois cette sœur je vois le Christ...” ou encore “ce que les gens attendent de nous ce n’est pas l’éloquence, ni de grandes œuvres, c’est le témoignage de notre vie, soit ce que nous prêchons. »
Voici maintenant le moment solennel de la profession de Maria, dans le silence et le recueillement attentifs de l’assemblée ; moment où Maria, en vénia, demande « la Miséricorde de Dieu et celle de l’Ordre », moment aussi où sur elle est invoquée l’intercession des saints ; et enfin, Maria à genoux, les mains dans celles de sa prieure provinciale sr Solange Damião prononce son engagement définitif à la suite du Christ, dans la congrégation romaine de Saint Dominique.
La fin de la cérémonie arrive : moment émouvant, le célébrant appelle les parents de Maria à donner avec lui la bénédiction à la nouvelle professe. Puis commence à défiler toute l’assemblée pour l’embrasser, “á la brésilienne”, très chaleureusement, et que demande un certain temps ; suit un repas préparé et offert par la communauté locale et la journée s’achève au couvent, avec la famille et les plus proches des sœurs.
Je conclurai en rapportant que Catherine de Sienne, dans les Dialogues, nous décrit la profession religieuse avec l’image d’un navire dans lequel, nous dit-elle, il y a trois mâts : l’obéissance, la pauvreté et la chasteté.” le capitaine de ce bateau en est l’Esprit Saint. Alors, Maria, bon vent dans le bateau de saint Dominique.

Sr Marie Noël Cot (France)