Chère Amazonie, notre rêve sacré

Publicado el : 22 de febrero de 2020

Je rêve de communautés chrétiennes capables de se consacrer et de s’incarner de telle façon en Amazonie, qu’ils donnent à l’Eglise des visages nouveaux avec des traits « amazoniens ».

L’encyclique « Chère Amazonie », publiée par le pape François en ce mois de février, nous lance un regard de tendresse et de courage. Elle nous unit aux défis de la mission au-delà des frontières, car la grâce de Dieu est en chaque lieu du monde, là où s’incarne la spiritualité de la création. En commençant la lecture de l’exhortation apostolique, nous sommes remplis d’admiration en entendant que L’Eglise a le désir de renforcer les liens de communion entre tous les peuples et d’inspirer les personnes de bonne volonté contre la haine, la cupidité et les injustices. Nous évoquons aussi les divers lieux où les tristes nouvelles connues à travers les réseaux sociaux nous alertent sur l’incohérence et les scandales qui vont contre l’aube des rêves et des utopies. Nous continuons à rêver et à écouter le cri de l’Amazonie qui fait écho au mystère sacré et nous met en relation, les hommes et la nature avec le zèle de la sagesse qui veut le bien-être et la vie. Une voix prophétique est nécessaire et comme chrétiens, nous sommes appelés à la faire entendre. (cf. n° 27)

Dans le partage des quatre grands rêves de François, nous trouvons la réalité de la lutte de la forêt et des peuples, parfois loin de notre regard. Le rêve nous inspire le mystère de Dieu par l’atteinte de la vérité (cf Gn 32) C’est pourquoi les rêves de François sont les nôtres, ils expriment le sens de la justice et de la paix. Ils nous font croire qu’il y aura une autre façon de raconter notre histoire à l’avenir. Poétiquement, nous chantons et prions la marque des gens, leur force et celle de la nature, les sentiments de solidarité, de résistance, des luttes qui font rêver :

Il faut avoir la grâce,
il faut toujours rêver
Qui porte cette marque sur la peau
A cette étrange manie
D’avoir foi en la vie.

(Maria, Maria. Chanson de Milton Nascimento).

Osons rêver au nom de toutes les communautés d’Amazonie, spécialement, les Quilombolas, Ribeirinhos et indigènes : un rêve social pour les droits des peuples originaires et des plus pauvres en matière de fraternité ; un rêve écologique avec toute la biodiversité, prise en charge avec conscience et respect dans une relation cosmique ; un rêve culturel d’écoute et d’entretien de l’identité, « sans envahir » la relation des habitants ; un rêve ecclésial au visage de l’Amazonie, d’être une Eglise en sortie, missionnaire et prophétique « aux yeux du monde avec toute sa splendeur, son drame et son mystère ». (cf.n° 1) Osons rêver à notre responsabilité de, dialoguer ensemble et d’agir pour le bien commun, pour la promotion d’une civilisation de l’amour.

L’écologie intégrale est la rencontre du rêve aimant de Dieu et de l’univers accueilli dans notre humanité. Pour chacun de nous, elle implique une dynamique contemplative des corps, qui circulent dans la réciprocité pour tout don reçu. Nous respirons un air qui nous est commun. Dans un mélange de douleur et de joie, le souffle de la vie se fait « danse » et ce mouvement nous pousse vers la mission. Et cela nous permet de nous remplir du vrai esprit de dialogue, se nourrit de la capacité de comprendre le sens de ce que l’autre dit ou fait, bien que nous ne puissions l’assumer comme une conviction propre. (cf. n° 108)

Un regard d’espérance nous interpelle à la lumière de la Parole de Dieu engendrée dans l’humanité. « Il faut s’indigner comme Moïse s’est indigné (cf. Ex 11,8), comme Jésus s’est indigné (Mc 3,5) comme Dieu s’est indigné devant l’injustice (cf Am 2,4-8 ; 5,7-12 ; Ps 106/105,40). La responsabilité de cette indignation revient à chacun de nous, être capable de dépasser la marginalisation cruelle des massacres et des morts pour construire de nouvelles relations de solidarité et de partage. L’Evangile propose l’amour divin qui jaillit du cœur du Christ et fait germer une recherche de la justice qui est inséparablement un chant de fraternité et de solidarité, un stimulant pour la culture de la rencontre (cf. n° 22).

Avec Marie, mère pèlerine de l’Amazonie et de tous les peuples, dialoguons et rêvons d’une société humaine, capable de nous transformer et de déborder en fraternité.
Et ainsi le rêve se fait...

Sr Luciana Vinícius de Souza