Cinéma : « Lola et ses frères » par Jean-Paul Rouve

Publicado el : 2 de enero de 2019

Sorte en salles / 28 novembre 2018.

Depuis « Quand j’étais petit », son deuxième film, Jean-Paul Rouve laisse émerger une émotion à fleur de peau. Son sujet de prédilection : la famille. « Les souvenirs » racontaient avec beaucoup de douceur et d’élégance la fin de vie d’une grand-mère, et sa relation à son petit-fils.

« Lola et ses frères » est dans la même veine. Cette fois-ci, c’est sur un étrange trio frères-sœur que se penche le réalisateur avec un scénario original coécrit avec David Foenkinos. Ils tissent une comédie, qui joue sur la pudeur et les masques, et dont les dialogues ciselés viennent réveiller les creux et les bosses de ces adultes en mal de repères.

Il y a le frère aîné qui n’arrive pas à se construire une deuxième famille (Jean-Paul Rouve sobre et touchant), il y a le cadet qui vit sa vie à cent à l’heure et se fait materner par son fils (José Garcia vibrionnant et tordant), et il y a la sœur, étouffée et sage, qui cherche l’amour (Ludivine Sagnier étonnante dans un nouveau registre).

Il est beaucoup question de transmission et d’hérédité dans « Lola et ses frères » où la frater-nité, orpheline de père et de mère, se donne rendez-vous sur la tombe de leurs parents. Les scènes autour du cimetière sont à la fois touchantes et burlesques, tant il est ironique de voir ces grands enfants engager un dialogue sans réponse.

Mais la tragédie du deuil n’est jamais loin de la comédie apportée par le personnage de Jacques Boudet (un veuf imagine-t-on), qui tente de préserver la solennité du lieu brisé par le chahut des disputes fraternelles. Ainsi la vraie problématique : comment parvenir à se construire et à se projeter quand on n’a pas pu régler sa relation aux parents ?

Cette nostalgie est accompagnée par la musique de Jean-Jacques Goldman qui vient bercer le film. Il est beaucoup question aussi du rôle qu’on tient dans la famille. Le rôle qu’on s’octroie, celui qu’on nous donne. Gérant avec malice quiproquo et lapsus, Jean-Paul Rouve révèle ainsi la véritable nature de ses protagonistes.

Il fait de même avec le casting, unissant sur le devant de l’affiche trois comédiens venus d’horizons très différents. Rouve et Garcia représentent chacun un type de comédie : Le premier dans la froideur et la précision du clown blanc, le second dans la folie et la gestuelle de l’auguste. Au milieu, Sagnier va de l’un à l’autre, douce ou cassante, gagnant en assurance à me-sure qu’elle acquiert en indépendance. Ils sont les trois forces de ce beau film familial.

L’atout majeur de « Lola et ses frères » est de rendre le quotidien surprenant. Puis de nous rendre plus légers après avoir vu le film. Ca s’appelle un « feel good movie » - « un film qui fait du bien ». A bon entendeur, …

Sœur Hélène Feisthammel