Cinéma : « Yao » par Philippe Godeau

Published : 24 April 2019

Sortie en salles / 23 janvier 2019.

Yao (Lionel Louis Basse), un jeune enfant sénégalais, se rend à Dakar après avoir fugué et par-couru près de 400 km, seul, dans l’unique but d’y rencontrer son idole, Seydou Tall (Omar Si), un célèbre acteur français d’origine sénégalaise revenu au pays afin de promouvoir son nouveau livre. Très touché par l’histoire de son jeune admirateur, Seydou Tall décide d’abandonner ses obligations afin de raccompagner l’enfant jusque dans son village.

Le chemin du retour devient vite une aventure humaine pleine de péripéties faisant découvrir à Seydou Tall, pour la première fois, ses racines et la culture du Sénégal si loin géographique-ment et si proche intimement de lui. Ce très joli conte initiatique est prévu en salles de cinéma pour le 23 janvier prochain. Avec « Yao », Philippe Godeau signe son troisième film après « Le dernier pour la route » (2009) et « 11.6 » (2013).

Philippe Godeau porte « Yao » depuis longtemps en lui. Désireux d’évoquer des valeurs telles que le sens de la famille, le partage, l’accueil et la foi, le réalisateur sentait que la culture sénégalaise était propice à cela, sans compter sa beauté esthétique et exotique. Il conclut : « Je cherchais là à faire ressentir que, pas si loin de nous, des personnes vivent différemment et que cette différence est inspirante. »

Si les deux précédents films de Philippe Godeau avaient François Cluzet pour héros, le réalisateur et Agnès de Sacy (scénariste) ont écrit le rôle de Seydou spécialement pour Omar Sy. Malgré sa notoriété considérable et sa popularité qui ne faiblit pas (« Intouchables », 2011) Godeau considère que l’acteur a réussi à garder les pieds sur terre : « J’avais l’intuition qu’Omar avait besoin de se confronter de nouveau à ses racines et qu’il serait bon qu’il le fasse devant une caméra. Nous avions un vrai désir de cinéma autour de cette histoire. Nous partageons tous deux un attachement profond à la question de la paternité et des origines. »

Le cinéaste a tenu à mêler fiction et réalité dans son film, et à laisser le réel infuser son film. C’est ainsi qu’il a filmé une scène de prière inspirée par un repérage fait dans le pays : « J’ai été saisi par cet instant où tout le monde prie ensemble dans la rue, en toute quiétude. Là aussi, je ne voulais pas accompagner cette séquence d’un commentaire : je la montre telle que je l’ai observée. (…) Je filme cette réalité en plan large, à la fois frontalement et à distance, avec une simplicité qui, j’espère, sera perçue comme telle. »

« Yao » est traversé par la question de la paternité. Le film est d’ailleurs dédié à Jacques Go-deau et Demba Sy, les pères respectifs du réalisateur Philippe Godeau et d’Omar Sy. Prendre une heure et quarante-quatre minutes pour voir « Yao ». Au nom de la beauté « intérieure » de l’homme et - de la différence « inspirante » entre les hommes.