Commentaires des lectures du Jeudi 12 mars, deuxième semaine de Carême

Lectures :
Jr 17, 5-10
Ps 1
Lc 16,19-31

Heureux celui qui met sa confiance dans le Seigneur

J’ai intitulé ce commentaire avec le second oracle du texte que Jérémie nous offre aujourd’hui, vu qu’il nous présente le message en positif. Il me coûte beaucoup de commencer en écoutant la négativité du message, ce « maudit l’homme… » et d’affirmer que Dieu parle ainsi. Quelle douleur doit provoquer en lui de voir son œuvre créatrice, et de se rappeler ce qu’elle était au commencement. « Dieu vit tout ce qu’il avait fait, et c’était très bon. » (Gn 1,31)
Qu’est-il arrivé à cet être humain et à nous aujourd’hui qui nous fasse chercher appui, force en quelque chose ou quelqu’un de fini et qui ne pourra jamais remplir notre cœur de bonheur définitif ? Notre cœur n’est-il pas capable de faire confiance en même temps à Dieu et aux hommes ? La clé de ce premier oracle est dans l’enseignement que nous donne le prophète : « l’appui sur un être de chair tandis que son cœur se détourne du Seigneur ». Le drame est de laisser Dieu de côté, Lui qui nous connaît et que nous ne pouvons pas tromper. Lui, qui est le seul à pouvoir réaliser une transformation dans le cœur de l’être humain.
Si nous avons failli, nous pouvons mendier sa grâce, avec la certitude qu’il ne nous refusera pas le pardon et que son Esprit guide nos pas en permanence pour que nous trouvions le chemin de retour « à la maison, sa Maison et la nôtre. »

Ils ont Moïse et les prophètes, qu’ils les écoutent !

Aujourd’hui la Bonne Nouvelle nous parvient à travers une parabole. La narration développe un contraste intense, ce qui en souligne le tragique. Les deux extrêmes d’une société sont donnés.
En deux temps : avant et après, en vie et dans la mort.
En deux situations : un homme riche, sans nom, qui faisait bombance chaque jour et un homme pauvre, Lazare, qui souhaitait se rassasier des restes jetés de la table du riche, et même cela ne lui était pas possible.
En deux lieux séparés par une porte fermée : dans la maison du riche, l’abondance, et dehors, au portail de sa demeure, le pauvre couvert de plaies avec les chiens pour seule compagnie.
Nous pouvons facilement imaginer et contempler la scène. Pour peu que nous nous promenions dans nos villes les yeux ouverts, nous trouverons aussi des scènes semblables. La condition humaine n’a pas tellement varié malgré les siècles.
Il y a un moment dans la narration où un même fait rend ces hommes égaux, c’est la mort. Les deux meurent, et à partir de cet instant, les situations sont inversées. Le pauvre Lazare est emporté par les anges en un lieu de consolation et le riche tombe dans l’abîme où l’attend une vie de tourments. Dieu accomplit toujours sa parole.
Ici se termine la narration de la parabole et commence la révélation de son sens à travers un dialogue, non pas entre ces deux hommes, mais avec un troisième que les deux reconnaissent comme Père Abraham. Le riche parle, le pauvre se tait.
Prier avec ce texte m’a conduite à trouver un nom pour l’homme riche. Au début, je l’appelle celui « qui ne voit pas ». Le texte ne dit pas qu’il était mauvais, mais qu’il vivait distraitement, dans son monde. C’est une invitation à l’attention pour notre vie !
En suivant le dialogue, nous trouvons une lumière dans les paroles concernant le riche lui-même qui disent : « le riche leva les yeux et vit de loin Abraham et Lazare. » Maintenant il voit même de loin, nous pouvons l’appeler « celui qui voit ». De plus, il ne s’arrête pas là, il prie, supplie Abraham pour que ce soit Lazare lui-même, que lui n’a jamais ni secouru ni touché, qui vienne jusqu’à lui et lui apporte de l’eau sur ses doigts pour lui rafraîchir la langue. Quel paradoxe !
Maintenant l’homme riche arrive à s’oublier lui-même, reconnaît son erreur et intercède pour ses frères, mais c’est trop tard. Il demande un miracle, une intervention divine.
Dieu est venu et continue à être présent dans notre propre marche, nous avons seulement besoin de foi pour voir, pour écouter, pour aimer…
Laissons résonner en nos cœurs la réponse d’Abraham, brève et claire : « Ils ont Moïse et les prophètes, qu’ils les écoutent ! » Un bel engagement pour ce temps de Carême.

Sr Virgilia León Garrido

Traduit de l’espagnol par Sr Anne Marie Geffroy