Commentaire biblique du jeudi 1er octobre 2020. Fête de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus

Lectures
Jb 19,21-27
Ps 26
Lc 10,1-12

« Je sais, moi, que mon défenseur est vivant… et de mes yeux je le contemplerai. »
Le texte que la liturgie nous offre aujourd’hui, se trouve presque au milieu du livre de Job. J’aime considérer ce livre comme une grande œuvre de théâtre dramatique, qui progresse et se déroule en plusieurs actes. Le texte d’aujourd’hui fait partie des « dialogues de Job avec ses trois amis ». C’est la finale d’une réponse de Job, où il semble n’avoir plus d’arguments pour faire valoir son innocence est ses souffrances devant ses amis et devant Dieu.
Il leur demande de cesser de le torturer et de l’accuser. Dans l’abîme de solitude où il se trouve, il émet une supplication déchirante : « Ayez pitié de moi, vous mes amis ! » Il ne sait pas non plus pourquoi Dieu semble aussi le tourmenter et l’abandonner à sa douleur, alors qu’il ne lui reste rien. (v. 21-22)
A ce stade, il semble que Job soit conscient que ce qu’il va dire est la chose la plus décisive de toute sa défense.
Il se trouve aux portes de la mort et désire que, pour le moins, ses paroles restent « écrites, gravées, sculptées » de manière définitive sur un matériau indestructible. Ce qu’il va affirmer doit demeurer toujours. Il faut affronter la mort elle-même pour découvrir le sens ultime de la souffrance et attendre jusqu’à « la fin » pour juger et comprendre l’œuvre de Dieu.
C’est une grande et longue « confession de foi en la résurrection ». Lui n’a peut-être pas su tout à fait ce qu’il exprimait, mais nous sentons que sa pensée a progressé jusqu’au point de croire que rien n’est impossible à Dieu. Son message vient du texte : Il veut faire confiance à Dieu qui a fait de si belles et si bonnes choses qu’il ne les détruira pas pour toujours.
Ce fait est révolutionnaire pour son époque, il est étranger à la religion et aux croyances du Peuple d’Israël et de tout le contexte du livre. « Oui, de moi-même je verrai Dieu et quand mes yeux le contempleront, bien que mes os soient réduits en poussière, Lui ne s’éloignera pas de moi » parce qu’Il est le vivant, mon défenseur. »
Aujourd’hui, ce texte nous est offert pour prier, un texte inépuisable… !

La moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux.
« Après cela », ainsi commence aujourd’hui l’évangile de Luc. « Cela », recueille ce qui a été dit antérieurement : ce sont les conditions ou exigences radicales de la suite de Jésus.
Arrivé là, Jésus fait un pas de plus, regarde ces personnes proches de lui et sent qu’il peut leur demander et leur offrir beaucoup plus. Il les désigne et les envoie deux par deux en avant de Lui, en annonçant la venue du Royaume. Joint à ce geste, il y a une affirmation d’urgence : « La moisson est abondante, les ouvriers peu nombreux. En route ! » Il exige de faire vite, ils ne doivent pas perdre de temps. Le Royaume presse et doit être proclamé partout et à toute personne, et de toute urgence.
En continuant la lecture, une grande sobriété est perceptible dans les paroles de Jésus, il n’y a pas seulement du réalisme, mais aussi de l’exigence : regardez comme il les envoie, légers d’équipage, en emportant peu de choses. Emportez, oui, la prière, la supplication au Maître de la moisson, et le souhait de la paix pour cette maison. » (v.2) Il leur faut faire confiance, le Père donnera la fécondité à cette mission.

La venue du Royaume, aussi bien son succès que son échec, n’est pas seulement notre œuvre, elle ne s’impose pas, mais est offerte librement ; la grâce de Dieu est un don gratuit, un cadeau, qui se convertit peu à peu en tâche pour chacun.

Quand vient le moment d’annoncer le Royaume, qu’il soit accueilli ou rejeté, Jésus leur donne les normes du comportement qu’ils doivent avoir. Il exige d’eux, et aujourd’hui de chacun de nous et de notre Eglise, de vivre détachés et de faire, eux et nous, l’expérience d’être missionnaires en vivant insérés dans la réalité des gens, souvent dans l’insécurité, comme vivent tant d’hommes et de femmes aujourd’hui. Dieu accompagne toujours notre marche. Voilà notre sécurité : Le Royaume a déjà commencé en Jésus Christ.

Sr Virgilia LEON GARRIDO