Commentaire des lectures biblique du 29/03 - Mardi de la 4ème semaine de Carême

Lectures :
Ez 47,1-9.12
Ps 45, 2-3.5-6.8-9
Jn 5,1-16

I - “Il y aura de la vie, là où arrive le Torrent”

A partir du chapitre 40 d’Ezéchiel, le prophète commence une description minutieuse, complexe, - peut-être pas très attractive pour ceux d’entre nous qui ne s’y entendent pas en architecture - du nouveau temple, lieu de la présence de Dieu avec son peuple.
Dans ce que nous écoutons aujourd’hui, le récit change complètement de ton. Une description symbolique que je sens comme nous invitant à entrer personnellement dans le scénario qui se dessine.
Pour commencer, pas d’explications. Seulement un Torrent d’eau qui jaillit du temple. De dimensions totalement disproportionnées, qui sans doute impressionnent. Le prophète ne parcourt pas moins de deux km en s’enfonçant dans les eaux, guidé par le personnage qui mesure la distance. Expérience personnelle de l’eau qui court, dont la profondeur augmente, qui arrive au moment où déjà “on n’a plus pied”. J’ai l’impression que dans le récit la progression s’arrête et “qu’ils font marche arrière”. Aucun indice d’une décision d’entrer dans le torrent et de le traverser à la nage.
Je pense à ce que signifie pour l’être humain l’expérience, je suppose inévitable, de “n’avoir plus pied” et d’avoir de l’eau jusqu’au cou”…
Mais la suite du récit nous éclaire sur ce qui paraissait jusqu’ici une immersion dans l’inconnu, un éventuel danger… une menace ?
Le retour se fait sur la rive et le prophète peut contempler ce qu’il semblait ne pas avoir vu auparavant : des grands arbres sur les deux rives. Et une explication qui change tout.
Nous pouvons faire l’exercice de lire lentement cette explication et de nous demander : quelle est ma disponibilité pour entrer dans ce torrent d’eau vive qui vient de Dieu, pour en arriver à perdre pied et à faire confiance, sachant que là où arrive le torrent il y a guérison et vie ?

II - Veux-tu guérir ?
Nous sommes dans le contexte d’une fête.
Le récit nous dit qu’à l’une des portes de Jérusalem, il y avait une piscine autour de laquelle se trouvaient de nombreux malades de toutes sortes. Jésus contemple la scène. Devant Lui, le panorama de beaucoup de personnes qui ne peuvent participer à cette fête. Ils sont malades, en conséquence impurs et exclus.
Jésus regarde l’un d’eux qui était là depuis de nombreuses années et lui pose une question-clé : veux-tu guérir ?
Et, surprise ! L’infirme ne répond pas à cette question. Comme pour se justifier, il essaie d’expliquer la raison pour laquelle il n’est pas encore guéri : il y en a d’autres, plus rapides que lui pour atteindre l’eau. On peut se demander si en 38 ans il n’avait pas eu le temps de mûrir un plan qui lui aurait permis d’entrer le premier dans l’eau… Et maintenant non plus, il ne lui vient pas à l’idée de dire à Jésus que, oui, il veut être guéri.
Jésus le guérit, et l’homme se charge de son brancard et s’en va sans manifester de reconnaissance, ni d’intérêt pour celui qui l’a guéri.
Le texte est très clair. Qu’en retirer ?
- Jésus apparaît comme la source de la guérison et de la vie. Elle n’est pas dans l’eau de la piscine…
- Jésus offre toujours le salut, même quand nous ne le lui demandons pas. Sa décision de nous rencontrer est le principe de notre espérance.
- L’affrontement de Jésus avec les responsables religieux de son peuple continue à s’intensifier : pour Jésus, le bien de l’être humain est au-dessus des normes, pour eux la norme est le critère ultime de toute action.
Il serait intéressant que nous prenions du temps pour essayer de nous identifier avec le malade et avec ceux qui s’affrontent à Jésus. Avons-nous quelques-unes des caractéristiques qui se devinent en eux ?
Demandons au Seigneur Jésus de nous introduire dans son dynamisme vital : le don qui cherche toujours le bien des autres.

Sr Gotzone Mezo