Commentaire des lectures bibliques du 18 janvier 2023 - • Mercredi de la 2ème semaine du temps ordinaire

Lectures :
• He 7,1-3.15-17
• Ps 109,1.2.3.4
• Mc 3,1-6

I - Tu es prêtre éternel, selon le rite de Melquisédek

Nous nous trouvons aujourd’hui devant un texte de l’Ecriture qui me semble de difficile interprétation.
Dans un langage cultuel auquel nous ne sommes pas habitués, et sans qu’apparaisse une seule fois le nom de Jésus, il nous est compliqué de nous situer quant au sens que peut avoir la mention de Melquisédek, presque un parfait inconnu.
Il n’y a donc pas d’autre solution que de lire et relire avec attention le chapitre 7 de la Lettre aux Hébreux, pour essayer d’avoir une idée du contexte dans lequel sont insérés ces versets et d’en attendre quelque lumière.
D’un côté l’auteur détache totalement Jésus du sacerdoce du peuple d’Israël, exercé par la tribu de Lévi, à laquelle il n’appartient pas. D’un autre côté, il le relie à un personnage très antérieur à l’existence de ce peuple, dont nous ne savons rien, mais qui acquiert de l’importance puisqu’il apparaît en relation avec Abraham. Celui-ci lui remet la dîme du butin gagné dans ses batailles et reçoit sa bénédiction. Il est donc plus important qu’Abraham, le père du peuple. Quelqu’un sans origine ni fin connues, défini comme prêtre du Dieu très Haut, qui sert à l’auteur pour établir un parallèle avec Jésus comme prêtre éternel et unique.
L’intention semble très claire. Bien qu’il ne le nomme pas dans les versets que nous écoutons aujourd’hui, son objectif est de dire clairement que le salut provient exclusivement de Jésus. Il n’y a ni sacerdoce ni médiation qui sauve sinon la sienne. Une fois pour toutes, et par Lui seul.
Dans un monde peuplé de gourous de toutes sortes, prenons garde de vouloir chercher des sauveurs en forme de guides, de maîtres, de conseillers ou directeurs, de pères ou mères spirituels.

II - Etends la main

Nous en sommes encore presque au début de l’évangile de Marc (chapitre 3) et Jésus s’affronte déjà à l’opposition des représentants religieux de son peuple.
La scène impressionne, par la tension sous-jacente, annoncée dès le commencement dans le récit de Marc, Jésus sait qu’ils attendent le moment propice pour pouvoir l’accuser. Et ce jour-là, c’est très facile pour eux. Il y a dans la synagogue une personne à la main paralysée. Jésus effectue des guérisons et il est probable qu’il le fasse aussi à cette occasion, bien que ce soit le sabbat et qu’il n’y soit pas permis de guérir, selon l’interprétation de la Loi faite par ses contemporains.
Contemplons la scène :
> Jésus, que la colère envahit à cause de la dureté de cœur de ses compatriotes, ne cale pas devant le risque qu’il court. Il guérit l’homme à la main paralysée. Il est clair pour lui que ce qu’il faut faire est toujours ce qui contribue au bien et au salut des personnes.
> Les gens dans la synagogue. On ne nous dit pas ici, comme dans d’autres passages, qu’ils sont étonnés et rendent grâce à Dieu pour l’intervention de Jésus. Le climat est hostile à son égard. Prototype des « braves gens », si attachés à leurs propres convictions qu’il se rendent incapables de discerner le bien du mal, et convertissent en mal le bien le plus précieux seulement parce qu’il ne coïncide pas avec leurs options, opinions, points de vue…
Cela ne nous arrive-t-il pas, peut-être, à nous aussi ?
> La personne que Jésus guérit. Quelqu’un qui, en principe n’a rien demandé, qui préférerait peut-être passer inaperçu dans ce climat tendu… mais qui accède à la demande de Jésus et « s’expose ». Mets-toi ici au milieu.
De tous ceux qui se sont trouvés avec Jésus ce jour-là à la synagogue, il semblerait que lui seul a eu accès au salut. Et nous ? Voulons-nous exposer nos zones de paralysie, laisser Jésus les toucher et les guérir ?

Sr Gotzone Mezo