Commentaire des lectures bibliques du 1er février 2023 Mercredi de la 4ème semaine du temps ordinaire

Lectures :
He 12,4-7.11-15
Ps 102,1-2.13-14.17-18a
Mc 6,1-6

Mon fils, ne rejette pas la correction du Seigneur

Les destinataires de la Lettre aux Hébreux sont les chrétiens d’une communauté qui a connu des persécutions et même le martyre de quelques-uns de ses membres ; c’est pourquoi l’objectif de l’auteur est d’exhorter cette communauté à fortifier, approfondir et persévérer dans la foi, face à la tentation de s’éloigner de Dieu, surtout à cause des difficultés et des souffrances qu’ils vivent.
Dans le texte de la liturgie d’aujourd’hui, les croyants sont invités à accueillir la souffrance qui découle des persécutions et de la lutte contre le mal comme épreuve à supporter dans le présent mais qui produit ensuite un doux fruit de justice pour ceux qui s’y sont exercés.

Il s’agit donc, de donner un sens à la souffrance, sens que l’auteur de la Lettre aux Hébreux trouve en Dieu Père et en sa pédagogie aimante envers ceux qui sont ses fils. En quelque sorte, il nous est exprimé que ces situations de plus grande difficulté que nous traversons sont toujours une opportunité pour grandir et mûrir. Derrière l’idée du Dieu qui nous corrige, comme un père corrige ses enfants parce qu’il les aime, ce regard sur ce qui nous arrive est toujours un espace où Il nous manifeste son amour et nous accompagne vers la plénitude. Cet accompagnement implique parfois des expériences crucifiantes, de douleur qui peuvent être des expériences pascales de passage de la mort et de la douleur vers la Vie, si nous les vivons les yeux fixés sur le Christ et confiants que Dieu y est présent, cheminant avec nous, encourageant et soutenant notre marche.

Seule cette foi en un Dieu qui se révèle en Christ nous fortifie intérieurement et en même temps nous donne la paix qui guérit et sauve, face au ressentiment et à la désespérance qui tuent progressivement la vie.

On s’émerveillait tout en manquant de foi

Au long de l’Evangile de Marc, nous trouvons fréquemment des réactions d’étonnement et d’admiration devant la personne de Jésus ; ceux qui entraient en contact avec lui admiraient et étaient déconcertés par ses paroles et ses actes. Derrière cet étonnement était sous-jacente, comme elle l’est pour nous, la question sur l’identité de Jésus qui apparaît d’une manière particulière comme un axe transversal dans l’évangile de Marc. Une question qui reste toujours comme en suspens jusqu’au chapitre 8, comme pour laisser travailler en chacun le mystère de cet homme qui provoquait à la fois, l’attraction chez les uns et le rejet chez les autres.

Dans le texte de l’évangile ceux qui s’interrogent sur Jésus sont les plus proches, ceux de chez lui. Ce sont précisément eux qui croient bien connaître Jésus et peut-être à cause de cela, se sentent incapables de découvrir dans ce visage si quotidien, dans le fils d’une femme du peuple, le Dieu qui vient à leur rencontre. On pourrait dire qu’ils ont une image définie et préalable de qui est Jésus et ne peuvent pas s’ouvrir à une vérité plus profonde le concernant.

Il en va un peu de même pour nous. Nous avons des images trop figées sur les réalités et les personnes que nous avons devant nous. Nous avons souvent décidé de ce qu’elle peuvent donner d’elles-mêmes, de ce que nous pouvons en attendre ; elles sont trop « normales », trop « normales » pour nous et il nous en coûte de découvrir que Dieu est là, présent, vivant, que c’est précisément à travers ce qui est petit que son amour transformant agit et se manifeste.

Le manque de foi de ces hommes et femmes qui écoutent Jésus avec admiration est souvent le nôtre. Nous nous habituons à entendre parler de Jésus, son message et sa vie nous fascinent, mais il nous en coûte de le reconnaître dans la personne qui vient de frapper à notre porte, dans ce travail que nous répétons tous les jours, dans cet événement surprenant qui brise nos plans.

L’Evangile continue en nous disant que Jésus ne put faire là aucun miracle. Et si nous n’avons pas foi en Lui, ni dans les autres, ni en nous-mêmes, comment les miracles seront-ils possibles ? Je me souviens de quelqu’un à qui, très jeune, une grande responsabilité avait été confiée. Il me racontait un jour comme il lui avait été difficile de parler à un auditoire de personnes qui se considéraient très érudites. Il me disait en se rappelant leurs visages : « On pouvait voir qu’ils n’attendaient rien de moi ». Effectivement, quand nous ne croyons pas en l’autre personne, ni n’attendons rien d’elle, il est difficile de nous ouvrir pour recevoir le cadeau de vie qu’elle porte pour nous. Et il n’y a de miracle qu’à travers un « tu » qui vient à notre rencontre et que nous accueillons.

A la lumière de l’Evangile de ce jour, demandons au Seigneur de nous permettre de regarder la réalité de chaque jour avec des yeux de foi. Demandons-nous quelles sont nos difficultés à le faire et prenons conscience qu’il n’y a pas d’espaces vides dans notre journée dans lesquels Dieu ne nous parlerait pas et ne nous accompagnerait pas. Il est présent en tout.

Sr María Ferrández Palencia