Commentaire des lectures bibliques du 21 mai 2020

Lectures :
Ac 18,1-8
Ps 97, 1-4
Jn 16,16-20

Commentaire

I- Témoignant que Jésus est le Messie.
En suivant les aventures itinérantes et les péripéties existentielles de Paul, nous le trouvons qui prend contact avec la ville de Corinthe. Là, il a la chance de rencontrer un couple de Juifs qui se convertiront en piliers de la communauté chrétienne qui naîtra dans la ville.
En cohérence avec ce que Paul dit de lui-même, l’auteur des Actes nous le présente travaillant pour gagner sa vie et prêchant Jésus avec passion le samedi à la synagogue.
N’oublions pas que Paul arrive à Corinthe après un échec retentissant à Athènes. Là-bas, nous le voyions dans l’aréopage, adressant un discours magnifique (modèle d’homélie) aux Athéniens, respectueux de tous les dieux, mais qui n’ont pas le temps d’écouter parler de ressuscités.
Il serait facile de supposer qu’à son arrivée à Corinthe il n’aurait pas beaucoup de courage pour se lancer immédiatement dans la prédication, mais rien n’est plus loin de la réalité. La nouvelle concernant Jésus le presse de telle manière que c’est son « travail ». Toute son activité et toute sa vie vont continuer à être dédiées à l’annonce du salut de Dieu qui se rend présent à nous en Jésus.
Et, bien qu’il ait été clair que lui se consacrerait à l’annonce du message aux païens, nous le voyons insister auprès de ses frères juifs à la synagogue. De nouveau, sans succès. Mais rien ne l’arrêtera. Et peu à peu la grâce du Seigneur touche les cœurs de ceux qui écoutent Paul (Juifs et Grecs), posant les fondations de celle qui sera une des premières communautés chrétiennes. D’une importance énorme pour nous, à cause des lettres que Paul leur a adressées et que nous avons reçues.
Dans notre monde, maintenant plus souffrant, comment rendre accessible la nouvelle de la présence salvatrice de Jésus ?

II- Votre tristesse se changera en joie
Dialogue difficile que celui que nous montre aujourd’hui l’évangile. Les récits des apparitions du Resuscité sont déjà passées au long du temps pascal, et l’évangéliste nous situe à la dernière Cène. Dans ce contexte, où Jésus n’a pas encore vécu la passion et la mort, il est très difficile de comprendre ses paroles même si l’ambiance du moment est chargée d’incertitude et de confusion.
C’est l’expérience de la résurrection qui permet d’entrevoir un rai de lumière dans ce « galimatias » que Jésus propose. Quelque chose que nous ne pouvions pas demander aux disciples de Jésus avant sa passion, mais que nous pouvons envisager, nous les croyants.
Ce « un peu et vous ne me verrez plus et encore un peu et vous me verrez » suggère l’expérience de présence-absence que comporte pour tous le vécu de la foi. Une présence qui ne sera jamais celle de ceux qui ont vécu avec le Jésus historique avant sa passion et sa mort, mais qui est essentiellement la même pour tous, eux et nous, contemplée déjà depuis « la rive » de la résurrection. Nous sommes tous appelés à faire de notre vie un processus progressif de découverte de sa présence en nous et dans la réalité, sans pouvoir en même temps nous débarrasser du mystère de l’absence qui nous dépasse.
Puissions-nous mettre tout notre acharnement à cette découverte et ne pas tomber dans la tentation de croire que sa présence arrivera « sur l’autre rive. » Ce serait dénuder la foi de son essence : Dieu avec nous, soignant, libérateur, sauveur.
« Moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde », termine l’évangile de Matthieu.
C’est cette présence mystérieuse qui convertit notre tristesse en joie. Et elle qui nous rend capables d’être dans le monde, chacun selon ses possibilités, engagés dans le plan de Dieu qui veut le bien de tous ses enfants.
Maintenant aussi, alors que nous nous sentons immergés dans un tsunami qui menace de dévaster nos styles de vie, nos certitudes, nos priorités… en augmentant exponentiellement la souffrance des plus vulnérables.
Il est urgent que cette joie dynamise notre espérance pour trouver des chemins qui -traversant la douleur, la souffrance, la peur, l’incertitude – nous permettent d’accéder à une vie plus digne pour tous.

Sr Gotzone MEZO