Commentaire des lectures bibliques du 30/11/2020 • Saint André

Lectures :
• Rm 10,9-18
• Mt 4,18-22

« Comment entendraient-ils – croiraient-ils - si personne ne le leur proclame ? »
La célébration d’un apôtre dans l’Eglise est toujours une invitation pour que chacun de nous se souvienne que sans prédication en paroles et en acte, la Bonne Nouvelle n’arrivera pas au cœur de toutes les personnes, comme nous l’affirme la fin de la première lecture et l’antienne du psaume : « Par toute la terre s’en va leur message… » Sommes-nous capables de la faire nôtre ?
Aujourd’hui, dans la première lecture pour la fête de Saint André apôtre, le texte nous présente avec force deux aspects d’une même vocation, que nous pouvons contempler dans la figure de cet apôtre : la foi surgit de la prédication et la prédication encourage et alimente la foi.
Pour mieux comprendre cette lettre, il nous est bon de prendre en compte son contexte. Quand elle a été écrite, la persécution et la possibilité de subir le martyre étaient réelles. Qu’une personne accepte le Christ et le confesse comme son Seigneur, en sachant que la persécution allait la toucher, indiquait qu’elle sentait que le « salut » ne venait pas de ses propres efforts mais comme le dit Saint Paul dans la lettre « Lui qui est Seigneur, est riche envers tous ceux qui l’invoquent. » (Rm 10,12) L’invoquer, c’est dire que cette personne « a déjà cru » et s’en remet à la miséricorde de Dieu par la foi en Jésus Christ.

Avec tout cela qui fut possible en son temps, la lettre nous laisse des questions qui renforcent l’argument de Paul et se font aujourd’hui plus pressantes : « Comment croiraient-ils en lui, sans l’avoir entendu ? Comment entendraient-ils si personne ne le proclame ? Et comment le proclamer sans avoir été envoyé ? » Ces questions ne manquent pas de réalité pour notre société et pour notre Eglise. C’est pourquoi elles ne peuvent nous être indifférentes, même si nous constatons beaucoup d’impuissance. Prions les uns pour les autres en demandant au Seigneur de soutenir la réalisation de notre vocation chrétienne.

« …Eux, laissant aussitôt les filets, le suivirent »
Dans l’Evangile de ce jour, Matthieu nous présente le début de la suite de Jésus, qui commence par une rencontre dans un lieu concret. Dans cette rencontre, on peut saisir clairement l’appel que « quelqu’un » fait et la liberté de le suivre pour celui qui l’a entendu. On ne peut suivre Jésus si cet espace d’intimité n’existe pas, sans reconnaissance de son message et découverte que c’est lui-même qui nous cherche le premier.
Aujourd’hui, nous célébrons la fête de Saint André apôtre, frère de Pierre et comme lui, pêcheur sur le lac de Tibériade, là où Jésus va le rencontrer avec son frère aîné.
Matthieu raconte la vocation des premiers disciples d’une manière brève et directe. Il la situe sur le lieu où ils font leur travail quotidien. C’est là que Jésus leur propose quelque chose de quasiment incompréhensible. Ces hommes connaissent bien leur travail de chaque jour, s’y connaissent en fait de pêche et comment la pratiquer, et voilà que cet homme appelé Jésus leur demande de tout abandonner pour être « pêcheurs d’hommes ». A chaque fois que je lis ce passage je me demande : qu’est-ce que ces hommes ont compris ?
Matthieu ne nous explique rien ; c’est peut-être pour cela que le texte a tellement de force et de vivacité qu’après tant de siècles et d’innombrables réflexions théologiques, il questionne autant notre vie chrétienne en même temps qu’il soutient notre foi de chaque jour.
Nous aimerions peut-être percevoir quelques doutes, peurs, demandes d’explications, certaines réticences dans la réponse, demande de temps pour discerner… ce qui semble le propre de l’être humain. Et les apôtres étaient des êtres humains, limités, avec des carences… Grâce à Dieu, les évangiles rendront compte de tout ce que Jésus a dû faire pour qu’André et les autres deviennent de véritables disciples et prédicateurs de la Bonne Nouvelle qu’eux-mêmes ont découverte sur le chemin, avec lui, Jésus.
Unissons-nous dans la prière, laissant résonner dans notre cœur, ces verbes si bien employés par Matthieu : « Il vit deux hommes… il leur dit : « venez à ma suite… eux à l’instant, laissant tout, le suivirent. »
Décision courageuse, aujourd’hui bien nécessaire, pour notre vie, pour notre monde, pour Dieu. Lui continue à être le « Fidèle », le Dieu fait homme sur notre propre terre, à compatir. Demandons-le lui pour cette société, la nôtre, traversée par tant de souffrance et de désespérance.
Il y a un chant suggestif pour cette époque, qui m’encourage beaucoup :

Qué no caiga la fe mi hermano,
que no caiga la fe mi hermana,
Que no caiga la fe,
que no caiga la esperanza!

“Que la foi ne tombe pas, mon frère,
Que la foi ne tombe pas, ma sœur,
Que la foi ne tombe pas,
Que l’espérance ne tombe pas !

Sr Virgilia León