Commentaire des lectures bibliques du 5 avril 202 - Mardi de la 5ème semaine de Carême

Lectures :
Nb 21, 4-9
Ps 101,1
Jn 8,21-30

“Nous avons péché… Demande au Seigneur qu’Il éloigne de nous le châtiment”
Nous sommes devant un texte qui relate une histoire peut-être créée pour expliquer l’origine du serpent de bronze qui existait et recevait un certain culte, pas très orthodoxe dans le temple même de Jérusalem, jusqu’à sa destruction par Ezéchias (2 R 18,4), qui motiva le peuple pour qu’il mette sa confiance en Dieu seul. Que l’existence de ce symbole construit par Moïse soit réel ou non, rien ne nous empêche d’égrener la profondeur du texte.
Dans son évangile, Jean met dans la bouche de Jésus l’utilisation de ce symbole “d’élever” pour en exprimer le pouvoir salvateur quand lui-même sera élevé en croix;(Jn 3,14-16; 8,28).

Dans cette première lecture, nous pouvons mettre en évidence 5 événements qui expriment avec force, la relation d’Israël avec Yahvé, l’enseignement qui leur est offert pour qu’ils découvrent ce que signifie être un peuple élu et protégé par Dieu. Une fois de plus, Moïse servira d’intermédiaire entre le peuple et Dieu et entre Dieu et ce peuple élu et rebelle. Sa mission est constamment d’aller et retour, d’intercession et de supplication pour la désobéissance de ses frères.
• Le peuple se remet en route. Ils s’impatientent, se plaignent, murmurent contre la nourriture qu’ils reçoivent gratuitement; ils protestent contre Moïse et contre le Dieu qui les a sortis lui-même d’Egypte. Leur plainte monte d’un ton, c’est une provocation et une offense : “Nous n’avons pas… cela ne nous plaît pas, et pourquoi nous as-tu amenés jusqu’ici, pour mourir de faim dans le désert ?”
• Dieu a écouté les plaintes, les récriminations contre Moïse son prophète. Dieu s’est fatigué de ce peuple et leur a envoyé une correction : des serpents vénéneux qui mordaient et beaucoup d’israélites moururent.
• Le peuple reconnaît son péché contre Dieu et s’approche de Moïse, son maître et guide, et surtout le pont pour arriver à Dieu. Devant lui ils disent : “Nous avons péché… Demande à Dieu qu’il éloigne de nous ce châtiment”.
• Moïse intercède pour eux. Il connaît l’Un miséricordieux et les autres : un peuple de rebelles, difíciles à conduire mais… ce sont ses frères et le peuple qu’il doit conduire à la terre promise.
• Dieu lui répond et leur offre un salut- guérison. Tu dois construire un serpent de bronze, le placer en hauteur pour que tous le voient dans le camp. Si quelqu’un est mordu et regarde vers ce symbole, il sera guéri.
Dans ce cas, comme dans notre vie, il ne s’agit pas seulement de voir mais du mouvement intérieur, le regard = la foi qui nous fait revenir vers Celui qui peut nous sauver. Ce n’est pas le serpent qui guérit mais la capacité qui jaillit de notre intérieur quand nous nous reconnaissons pécheurs, êtres limités, incapables par nous-mêmes d’arriver à la vie éternelle.
De nous, dépend seulement le fait de “regarder”, de “vivre” la réalité qui est la nôtre, de supplier pour tant de gens pour qui la traversée est dure, pleine d’obstacles.

Qui es-tu ?
Le texte que Jean nous présente aujourd’hui est le déroulement d’une controverse entre Jésus et les pharisiens, qui vient de loin et se précise pour le coincer.
D’une certaine manière, il semble qu’ils sont en recherche de Jésus; ils ne le rencontreront pas car ils ne le connaissent pas et que leurs critères sont erronés Ces critères se situent sur des plans différents; le langage lui-même est déroutant et difficile à comprendre : “vous me chercherez mais là où je vais, vous ne pouvez venir.” Et aussi : “vous, vous êtes d’en bas, de ce monde; moi je viens d’en haut et je ne suis pas d’ici”. Une telle confusion d’intérêts fait que les lettrés et les pharisiens l’interrogent. Mais “qui es-tu, toi ?” Jésus continue à révéler son identité, dit en insistant à divers moments de ce discours qu’il est envoyé, qu’il ne fait rien pour son propre compte, qu’il est en syntonie avec le Père et que tout ce qu’il dit et fait est expression et volonté du Père, mais qu’eux ne le comprennent pas car ils ne connaissent ni le Père ni lui.
La confusion continue dans tout le dialogue avec les pharisiens. Et en nous ? Avons-nous réponse pour dire qui est Jésus ? Ou bien vivons-nous aussi dans une confusion permanente ? Eux n’ont pas vécu ce que nous savons de ce qui est arrivé : l’élévation et la croix du Fils de l’Homme, suivie de la résurrection dans un corps glorieux.
Avant de continuer le récit, il nous est bon de nous arrêter et de nous poser quelques questions : “Qui est Jésus pour moi aujourd’hui ? En restons-nous à l’ami, comme au temps de notre adolescence ou bien pouvons-nous faire le saut jusqu’à la divinité de Jésus et nous engager dans la construction du Royaume ? Que le dogme ne freine pas notre passion de vivre “à partir d’en haut”, d’écouter sa Parole et de ne pas mourir dans notre péché.
En regardant l’attitude des pharisiens et des lettrés, nous pouvons dire que celui qui s’enferme dans ses critères et croit tout savoir, ne sera jamais capable d’entendre et de comprendre l’Autre ni les autres.
Nous nous approchons déjà de la Semaine Sainte, et nous avons encore du temps pour rectifier notre chemin en cette fin de Carême et nous décider vraiment à vivre la préparation de la Pâque.

Sr Virgilia León