Commentaire des lectures du 23 juillet 2020

Fête de Sainte Brigitte, patronne de l’Europe
• Gal 2, 19-20
• Ps 33,2-3.4-5.6-7.8-9.10-11
• Jn 15, 1-8

1- Je vis mais ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi.
Nous abandonnons aujourd’hui dans l’eucharistie la lecture continue pour célébrer la fête de Sainte Brigitte de Suède, une femme du XIVème siècle, appartenant à la haute société de l’époque, épousée jeune, mère de 8 enfants, veuve et fondatrice d’un ordre religieux.
Sa relation très profonde avec le Seigneur Jésus, surtout à travers le mystère de sa passion, a fait d’elle une vraie prédicatrice de l’évangile, avec une grande influence dans la société de son temps, depuis les papes et des nobles jusqu’aux gens simples. Elle partage avec d’autres saintes la reconnaissance de l’Eglise comme patronne de l’Europe.
Les lectures choisies pour sa fête mettent en évidence la manière de comprendre la foi et l’expérience spirituelle de Brigitte de Suède. Deux versets de la Lettre de Paul aux Galates : radicaux et apparemment paradoxaux, dans ce discours véhément pour montrer que le salut pour tous se trouve seulement en Jésus le Christ. Surprenants, en ces temps où est souligné avec force le besoin impérieux d’être soi-même, d’être libre… bien que nous vivions ensuite dominés et conduits par les intérêts du pouvoir et en suivant tant de gourous qui prolifèrent en temps de crise.
Mais, Paul suggère-t-il que la personne doit cesser d’être elle-même ? Bien au contraire ! Paul a découvert que la personne de Jésus était TOUT, la plénitude de l’humain et du divin. Et dans le processus d’identification à Lui – jamais dans l’accomplissement d’une Loi – nous acquérons la capacité de devenir de plus en plus humains et de plus en plus « nous-mêmes ».
Puissions-nous expérimenter que dans la mesure où nous vivons de la foi au Fils qui nous a aimés nous nous approchons de notre identité authentique. Dieu ne nous déloge pas de nous-mêmes, mais accroît notre capacité à devenir vraiment ce que nous sommes appelés à être.

2- Sans moi, vous ne pouvez rien faire
La découverte de Paul dans la première lecture, « C’est le Christ qui vit en moi », trouve dans l’évangile son « complément » dans la bouche de Jésus. Si le Christ vivait en Paul, maintenant Jésus nous invite à être ceux qui vivent en Lui.
Le texte est rempli de phrases qui peuvent déconcerter. L’agriculteur, la vigne et les sarments constituent des images allégoriques très simples quand elles se réfèrent à la nature, mais elles ne le sont pas autant quand nous nous rendons compte que nous sommes « les sarments ». C’est que la vie de sarment n’est pas précisément facile : s’il ne donne pas de fruits il est arraché et jeté au feu… s’il donne des fruits il est émondé pour en donner davantage…
Vivrons-nous avec l’obsession de produire des fruits ? Quels sont ces fruits que nous devons donner ? Sommes-nous poussés à vivre sous la pression du fait qu’un sécateur pend au-dessus de nos têtes ?
Cette interprétation s’éloigne de ce que Jésus a transmis dans l’Évangile. Comme dit A. Candiard, quand une parole de l’Évangile nous fait peur, cela signifie que nous n’avons pas su l’interpréter. Alors, quel est le message ? Le Père envoie le Fils pour sauver le monde, le Fils nous aime et nous invite à vivre unis à Lui jusqu’à participer à sa propre vie comme le sarment le fait pour la vigne.
Si nous accueillons cette invitation, si nous désirons que notre vie acquière précisément son sens de cette relation étroite avec Lui, les fruits surgiront sans que nous sachions comment, et – bien que cela paraisse un mensonge car il y a beaucoup de choses fantastiques qui se font dans le monde sans référence explicite au Seigneur Jésus – nous vivrons avec joie l’expérience surprenante de sentir au plus profond de nous-mêmes que sans Lui, nous ne pouvons rien faire.

Sr Gotzone Mezo