Commentaires des lectures bibliques du Mardi 16 août 2022 de la 20ème semaine du temps ordinaire

Lectures :
Ez 28,1-10
Ps : Dt 32, 26-27ab. 27cd-28. 30. 35cd-36ab
Mt 19,23-30

Tandis que je prépare le commentaire des lectures du jour, je vois avec douleur comment, en ces jours de températures extrêmement élevées, des incendies se succèdent en de nombreux points de la terre, et plus fréquents d’année en année. C’est encore un autre symptôme d’une planète malade, qui nous dit de tant de manières différentes, mais reliées entre elles, quelque chose que le pape François signale déjà au n° 34 de Fratelli tutti : « Si tout est lié, il est difficile de penser que ce désastre mondial n’est pas lié à notre manière de faire face à la réalité, en prétendant être les maîtres absolus de notre propre vie et de tout ce qui existe. Je ne veux pas dire qu’il s’agit d’une sorte de punition divine (…) C’est la réalité elle-même qui gémit et se rebelle. »
Et en écoutant la Parole de Dieu à travers le prophète Ezéchiel et l’Evangile de Matthieu, j’y découvre un message d’alerte devant cette tendance si humaine à vouloir être ce que nous ne sommes pas, séduits par les messages qui se faufilent dans nos esprits. Ils nous disent que le succès social et le bien-être économique sont le but fondamental de la vie, pour lesquels il faut lutter, quel qu’en soit le prix et par-dessus toute autre valeur, et ce, avec l’idée fausse qu’en réalité tout nous appartient et que nous avons droit à tout ; que la vie consiste à monter, à gagner des postes plus élevés, à atteindre le sommet alors que nous construisons la tour de Babel tandis que la terre saigne, que la pauvreté et l’injustice augmentent et qu’il y a de plus en plus de gens rejetés.
Dans la première lecture, le prince de Sidon est critiqué et tout le peuple à travers lui, car son cœur s’est enflé, il s’est cru Dieu et s’est construit un « je » arrogant et prétentieux.
Dans l’Evangile, il est question de la relation des humains avec les biens et de la difficulté pour un riche d’entrer dans le Royaume des cieux.
Et le sujet est le suivant : l’Evangile nous ouvre toujours un chemin de sens et de bonheur humain dont la clé fondamentale est l’amour, la primauté de l’autre. Nous sommes faits pour la rencontre. Une rencontre toujours appelée à être vécue à partir de l’accueil et de la reconnaissance de l’autre comme il est, de la complémentarité, de la diversité, du don mutuel, de la facilitation de la vie de tous, de la recherche du bien commun. La parole qui récapitule le mieux ce sens de la vie dans la perspective de la rencontre est peut-être l’appel à la fraternité, qui est le meilleur signe du Royaume. Et il est clair que sous la défense à outrance de tant d’égoïsmes masqués par des paroles qui les justifient comme défense de la liberté, du bien-être personnel et de « mes » droits, c’est finalement la possibilité de l’existence de l’autre comme un frère et non comme une menace ou un concurrent qui est en jeu. Au fond, c’est la possibilité de vivre vraiment l’Evangile de Jésus qui est en jeu. Lui, il est venu pour servir et non pour être servi, il a fait de sa vie une Eucharistie, pain partagé et vie donnée, pour nous nourrir tous et nous asseoir à la même table.
Prions aujourd’hui cette Parole de Dieu, reconnaissant et rendant grâce pour les dons et biens que nous avons reçus. Demandons-nous si nous y sommes attachés et si de les avoir s’est converti pour nous en un but ou bien si nous nous sentons libres pour les partager. Comment Dieu appelle-t-il chacun de nous à utiliser les biens que nous avons reçus de Lui pour collaborer à son rêve pour notre monde d’aujourd’hui ?
Laissons résonner en notre cœur la Parole de Dieu qui nous dit « tu es homme et non pas Dieu » et qui, en même temps qu’elle nous signale la difficulté que nous avons pour vivre une saine relation avec les biens, nous ouvre le chemin du salut. Car il peut nous arriver comme aux disciples que, devant la dureté de la parole de Jésus parlant des riches, nous nous demandions aussi, effrayés, « alors, qui peut être sauvé ? » Et il nous est bon de nous rappeler ce que Jésus leur répond et nous répond aussi : « Pour les hommes c’est impossible, mais Dieu peut tout. »

Sr María Ferrández Palencia