Commentaires des lectures du 5 mars 2020 • Jeudi de la 1ère semaine de Carême

Lectures :
• Est 14,1.3-5.12-14
• Ps 137,1-2a. 2bc-3. 7c-8
• Mt 7,7-12

1- Protège-moi, car je suis seule… Toi qui sais tout
Nous écoutons dans la première lecture une prière. Sans aucune allusion à « l’histoire » qui se déroule, avec des couleurs de drame. Quel message peut nous faire parvenir cette Parole aujourd’hui ?
Esther est reine. On suppose qu’elle a, en conséquence, un certain degré de pouvoir, outre des conditions de vie très faciles.
Mais elle perçoit le danger et elle a peur. Elle se sent démunie, malgré sa condition privilégiée. Elle n’a personne vers qui aller. Et elle se tourne vers le Dieu de ses pères. Elle a entendu dire que le salut vient de Lui.
La situation limite lui fait prendre conscience qu’elle n’a d’autre secours que le Seigneur. Et, terrorisée, elle se dirige vers Lui avec force, passion, audace, comme ceux qui savent que leurs minutes sont comptées… « Protège-moi, car je suis seule », « je n’ai pas d’autre secours que toi… ».
Le Seigneur comme ancre, roc, refuge, salut… pour Esther et pour chacun de nous. En quelque situation que ce soit, activer la conscience : Il est le premier et le dernier, le définitif, l’unique espérance authentique.
Cela ne signifie pas que dans les diverses circonstances de la vie nous n’ayons pas à agir, à chercher des chemins… mais, parfois ne nous distrayons-nous pas en cherchant – exclusivement à partir de nos propres forces et ressources – la solution à nos besoins ? Dieu ne reste-t-il pas pour nous sur la touche ?
Remarque finale. Comme en d’autres lieux de l’Ancien Testament, la prière d’Esther nous montre la distance infinie entre la mentalité du peuple d’Israël pendant de longues périodes de son histoire et la proposition de Jésus : la conception que mon salut est lié à la destruction de mon ennemi en légitimant en plus la vengeance, face à l‘invitation à aimer nos ennemis. Où nous trouvons-nous, nous-mêmes ?

II- Demandez, cherchez, appelez…
Le texte évangélique que la liturgie d’aujourd’hui nous présente est bien connu, dans ses différentes versions. Demander et qu’il lui soit donné, chercher et trouver, appeler et qu’il lui soit ouvert est très désirable pour l’être humain
Et de fait, il nous vient à l’esprit mille choses que nous pouvons demander, chercher, et qui de notre point de vue valent la peine pour « frapper à la porte » de Dieu. Nous connaissons beaucoup des demandes qui sont fréquemment adressées à Dieu : la santé, l’argent, de gagner à la loterie, de réussir les examens, de trouver un travail, de gagner une partie de football, de trouver un fiancé ou une fiancée, que notre famille et nos amis aillent toujours bien… la liste est interminable. Et pour que Dieu voie notre intérêt et nos bonnes intentions nous lui promettons des choses en échange, finissant par établir un commerce avec Lui, dans lequel nous lui faisons une variété importante d’offres : faire le pèlerinage à des sanctuaires, cheminer pieds nus, monter des escaliers à genoux, faire des aumônes… jusqu’aux promesses étonnantes dans lesquelles celui qui s’engage le fait pour un autre. J’ai connu le cas d’une femme qui promit à Dieu que sa fille serait religieuse (je ne sais si elle fut encouragée par l’exemple d’Anne, la mère de Samuel) …
Jésus nous dit simplement que Dieu va nous donner des bonnes choses (l’Esprit, dans le texte parallèle de Luc). Nos critères coïncideront-ils avec ceux de Dieu sur quelles choses sont bonnes ?
Et derrière cette proposition se trouve l’invitation à la confiance totale. Vivre nous-mêmes, suspendus à Dieu, à partir de la reconnaissance de notre condition de créatures. Comme pourrait nous le dire Timothy Radcliffe, ne demandons pas à Dieu des choses pour lui rappeler nos besoins (Il les connaît), mais pour nous rappeler à nous-mêmes que nous recevons tout de Lui. Un antidote contre les attaques de vanité qui peuvent nous assaillir…

Sr Gotzone Mezo