Conseil général élargi, Brésil (4)

Published : 23 March 2019

Visite de projets sociaux

L’après-midi du 21 mars, nous nous sommes divisées en trois groupes pour visiter, à Belo Horizonte, trois projets sociaux différents.

Le Projet « Dialogos per la liberdade » avec des femmes en situation de prostitution. Il s’agit d’un projet intercongrégationnel destiné à améliorer les conditions de vie de ces femmes et surtout, à « empoderarlas », c’est-à-dire à viser à ce qu’elles puissent sortir, si possible, de cette situation.
Dans la rencontre avec ces femmes et avec les bénévoles du projet, nous avons pris conscience de la situation d’exploitation dans laquelle elles se trouvent : il s’agit d’un vrai tourisme sexuel où des propriétaires louent à ces femmes de très petites chambres, pendant l’après-midi et le soir, à un prix très haut. Pour pouvoir rembourser, elles ont besoin du « service » d’au moins trente hommes par jour. Beaucoup d’elles passent la nuit dans la rue, quelques-unes sont tombées dans la drogue, parfois elles sont tuées.
À travers le projet, l’équipe de personnes qui s’est engagées essaient de fortifier l’auto-estime de ces femmes, de les aider à connaître leurs droits et à lutter pour eux, de leur offrir soins de santé et attention psychologique. Pour tout cela, il y a des ateliers de sensibilisation, d’information, de travail personnel où les femmes peuvent se rencontrer, partager leur situation, cultiver une complicité et une solidarité entre elles. À la fin, elles arrivent à se sentir entre elles comme une seconde famille, parfois avec des liens plus forts qu’avec la famille de sang où elles ont vécu souvent des situations de violence et d’abus.

Nous avons visité aussi, avec un prêtre carmélite très engagé, le père Gilvandez, un projet d’occupations urbaines à Santa Lucía, très proche de Belo Horizonte. Plusieurs familles s’organisent pour occuper des terrains abandonnés. Après un temps de préparation, elles décident d’une date pour arriver toutes ensemble au terrain qu’elles vont occuper. Pendant la nuit, les gens s’y installent et commencent à mettre les piliers des maisons qu’eux-mêmes vont bâtir. Il n’y a ni électricité, ni eau courante, mais pour l’électricité, ils se servent des fils de la municipalité.
Une fois qu’ils sont là, ils s’organisent pour vivre, revendiquer leurs droits, dénoncer les abus dont ils souffrent, car très souvent on essaie de les déplacer et parfois d’une façon violente.
Les sœurs de ce groupe ont visité trois occupations. Elles ont été touchées par le courage de ces gens qui trouvent leur force dans leur sens communautaire : les familles se réunissent, partagent leur parcours et cela leur donne un sentiment d’union et de solidarité. « L’union fait la force », « ensemble nous pouvons » ; voilà des slogans qu’ils répètent et qui expriment l’expérience qu’ils sont en train de vivre.

Finalement, un autre groupe de sœurs a visité le projet de « pastoral da rua » avec des personnes qui habitent ou ont habité dans la rue.
L’objectif de ce projet est de se rapprocher des gens qui habitent dans la rue, les écouter, créer des relations avec eux, et aussi leur offrir un espace dans le Centre diocésain de Pastorale de Belo Horizonte, pour se rencontrer et former une sorte de communauté qui s’appuie et se soutient mutuellement. Dans cet espace est offerte chaque jour la possibilité de participer à des activités diverses. Comme dans les deux autres projets, l’expérience communautaire est au centre. Dans cette communauté, il y a des personnes qui habitent dans la rue, mais aussi d’autres qui n’y sont plus. Nous avons pu rencontrer un grand nombre d’entre elles qui s’étaient réunies pour nous accueillir, nous raconter leur histoire et nous expliquer aussi ce qui se faisait dans le groupe.
Ils partagent leur vie et la Parole de Dieu ; ils prient ensemble ; ils réfléchissent aux situations injustes qu’ils vivent, comme par exemple, le fait que la police très souvent enlève le sac à dos aux personnes qui habitent dans la rue, et donc ils restent sans document et sans rien. Au moment où nous y sommes allées, le groupe était en train de préparer une manifestation pour protester contre cette situation.
Nous avons été très touchées par l’authenticité de leur communication et par la façon si naturelle de partager et de nous livrer leur vie, mais surtout par leur capacité de construire des liens profonds de solidarité entre eux et de créer, comme ils disent, une « seconde famille ».

Dans tous les cas, nous nous sommes senties très bien accueillies par les personnes que nous avons rencontrées. Merci à nos sœurs du Brésil de nous avoir offert la possibilité de visiter ces projets, où elles-mêmes sont aussi présentes, et de nous y avoir accompagnées !

Sr María Ferrández