Deux Moi

Published : 11 December 2019

de Cédric Klapisch (2019)

Après Le Péril jeune (1994), Chacun cherche son chat (1996), Paris (2008) ou encore Ma Part du gâteau (2011), l’histoire d’amour entre Cédric Klapisch et Paris continue. Il retrouve Ana Girardot et François Civil après le beau Ce qui nous lie (2017) pour narrer non pas la rencontre entre une fille et un garçon, autour d’une recette facile de comédie romantique, mais pour autopsier la solitude, le mal-être ordinaire et la lumière au bout du tunnel. Une belle surprise, étonnamment tendre.

Deux Moi porte bien son titre. Ce n’est pas l’histoire de deux personnes qui vont se rencontrer, se séduire et s’aimer, mais bien l’histoire de deux êtres distincts. Avant d’être deux, ils sont chacun un. Dans leur appartement, leur travail, leur tristesse. Cédric Klapisch filme deux âmes dans le nuage de solitude urbaine, non pas avec amertume, mais avec tendresse et sincérité.

L’anonymat de Paris n’est pas une fatalité ou une raison de sombrer, mais l’opportunité de se libérer, se (re)construire et se surprendre. Le vide peut soudainement être habité par une rencontre, avec un commerçant ou un chat. Et l’horizon plus ou moins dégagé que les héros observent depuis leur petit balcon est celui de toutes les possibilités.

Le film est ainsi l’histoire de deux personnes qui doivent d’abord apprendre à tenir debout, seules, et s’aimer elle-même, avant d’envisager d’aimer autrui. Sur le papier, c’est niais, mais à l’écran, c’est infiniment touchant et sobre. Klapisch n’est pas intéressé par les étapes de la séduction, et les crises et passions qui en naissent inévitablement. Il l’a déjà longuement raconté dans la trilogie L’Auberge espagnole (2002), Les Poupées russes (2005) et Casse-tête chinois (2013). Ici, il raconte ce qui arrive avant, et qui se passe chez deux personnes avant l’histoire d’amour. Beau, tendre et moderne.

Sr Hélène Feisthammel