Italo-Suisse : la rencontre de Dominique et François

A Ganghereto, dans la lunette au-dessus de la porte d’entrée de l’église, vous avez cette peinture représentant la rencontre de Dominique et François.

Sr Elena, peux-tu nous raconter son histoire ?

A Ganghereto (proche d’Arezzo en Toscane, dans le Valdarno supérieur) se trouve une église dédiée à St François. En effet, la tradition veut que le saint d’Assise soit passé dans ce lieu. Et pourquoi pas ? Ce qui est sûr, c’est que des frères franciscains ont eu ici leur couvent pendant très longtemps.
Mais regardons la façade de l’église. Au-dessus de la porte, quand nous sommes arrivées pour fonder la communauté en 1973, il y avait une lunette vide. Et pendant longtemps, Sr Marie de la Résurrection Crance, alors provinciale d’Italo-Suisse, caressait un vieux rêve… peindre dans cette lunette la rencontre de Dominique et François ! La lunette était vide et réclamait d’être habitée. Il fallait réaliser le rêve ! Mais encore fallait-il trouver l’artiste qui serait capable de s’insérer dans le style du Valdarno, en donnant à l’œuvre une saveur antique mais dynamique.
Alors commença la recherche… Depuis quelque temps, le professeur Dionisio Gardini (1929-2013) peignait des sujets sur commissions des Dominicains. Dans son studio était suspendu un habit de frère Fausto (un des premiers frères op de Ganghereto) et il y avait plusieurs livres « dominicains ». N’était-ce pas l’artiste qu’il nous fallait ? Il serait d’ailleurs facile de le contacter … puisque c’était mon oncle !! On lui expliqua notre désir. Sa réponse positive ne tarda pas à arriver : grande joie pour nous toutes !
Quelques mois plus tard, frère Fausto Guerzoni apporta de Padoue la peinture sur panneau de bois. Elle n’était pas encore terminée, mais déjà on pouvait en saisir pleinement le message de fraternité des deux saints qui s’embrassaient avec affection et humilité. La date est malheureusement incertaine car l’artiste trop souvent n’en mettait pas ! C’était environ dans les années 1998-2000.
Cependant, assez vite, le cadre, bien que protégé, souffrit d’être à l’air et aux intempéries et il eut besoin d’être restauré. Quand il revint à Ganghereto, l’été 2004, il fut décidé de le porter en procession jusqu’à la lunette par des jeunes présents dans la maison. Quand mon oncle le sut, il écrivit une lettre à la communauté pour la remercier. Je cite : « … savoir que le tableau sera porté en procession, comme autrefois, m’a profondément ému et gratifié pour le peu que j’ai fait. J’espère seulement qu’il puisse suggérer une prière à ceux qui le regarderont avec dévotion… »
Maintenant, le tableau qui ne peut pas être dehors a été substitué dans la lunette par une copie, une belle photo. L’original est dans notre réfectoire qui est aussi le lieu de nos rencontres : l’embrassade entre François et Dominique nous invite à l’affection fraternelle et à la communion universelle dans l’Eglise. Comme l’a écrit Maitre Gardini, espérons que dans le cœur de ceux qui regardent l’œuvre avec admiration, ce geste d’affection fasse naisse un désir de pardon et de paix pour soi-même et pour le monde ; oui, que naisse une prière !

Sr Elena Ascoli