Lundi 18 janvier 2021 - 2ème semaine du temps ordinaire et semaine de prière pour l’unité des chrétiens

Lectures :
He 5,1-10
Ps 109,1-4
Mc 2,18-22

Commentaire
« …Il s’est converti en auteur de salut éternel »
Le langage cultuel de la Lettre aux hébreux sert merveilleusement à nous montrer la différence radicale entre Jésus et toutes les autres figures religieuses qui, dans le judaïsme, se considéraient comme des médiations ou intermédiaires « officiels » entre Dieu et les hommes. La figure du grand-prêtre, présenté comme un homme fragile et pécheur, qui doit offrir des sacrifices pour ses propres péchés avant de les offrir pour ceux du peuple, s’oppose à celle de Jésus, proclamé grand-prêtre par Dieu.
La première grande différence apparaît clairement : n’importe quel grand-prêtre est pécheur, comme le reste du peuple. Jésus ne l’est pas, même si cela ne l’empêche pas de se charger de notre situation car il partage notre humanité.
La seconde est décisive : les prêtres offrent des sacrifices rituels, répétés indéfiniment dans le temps. Le “sacrifice” de Jésus, qui ne coïncide probablement pas avec notre concept de sacrifice, est sa disponibilité absolue et l’engagement de sa vie entière consacrée à “mettre au monde” la Nouvelle du Dieu Père, le Père qui nous aime de manière inconditionnelle, toujours prêt à se laisser “rencontrer”, qui nous rend capable - au milieu de notre fragilité – de commencer chaque jour, de toujours grandir, d’aspirer à reconnaître et vivre le désir le plus profond de notre cœur qui correspond, même si cela ne nous le paraît pas, à la “volonté de Dieu” (comme Adrien Candiard l’exprime de manière très suggestive dans son livre “A Philémon”).
C’est le don radical de lui-même qui fait de Jésus “l’auteur du salut éternel”. Et il n’y a plus de sacrifices, ni de médiateurs, ni de prêtres. Il est, Lui, pour ceux d’entre nous qui veulent le recevoir, l’unique et éternel prêtre, l’unique médiateur, l’unique pont entre Dieu et les hommes. Avec ses propres paroles, Il est, Lui, “le Chemin”. Ne l’oublions pas, pour éviter de nous perdre en recherches dont l’objectif ne serait pas de le rencontrer.
Un don de soi qui, comme l’exprime de manière bouleversante la lecture d’aujourd’hui, inclut que “même en tant que Fils, il apprit, par la souffrance, à obéir”.

Les amis de l’époux peuvent-ils jeûner ?
Aujourd’hui, l’évangile vient renforcer cette présentation de Jésus comme la nouveauté par excellence.
A partir d’une question reliée à la pratique religieuse du peuple, Jésus se démarque complètement de la manière par laquelle les différents groupes religieux de son temps considéraient qu’il fallait rendre un culte à Dieu.
Le jeûne, une pratique que Jésus recommande dans quelques endroits de l’évangile, sert à cette occasion pour montrer que sa proposition suppose une rupture totale avec certaines manières de vivre l’expérience de foi et de rencontre avec Dieu.
Il est impensable que les amis de l’époux jeûnent quand ils sont avec lui. De manière similaire, Jésus personnifie l’irruption de la nouveauté permanente du Dieu Amour, du Dieu libre qui ne peut être enfermé dans un code de normes de conduite.
Suivre Jésus ne consistera jamais à accomplir une batterie d’obligations.
Tellement de fleuves d’encre ont été utilisés pour essayer « d’expliquer » le sens du vieux et du nouveau (le pain, le vin, les outres) alors qu’il s’agit, peut-être, d’une façon de nous dire que nous ne pouvons pas faire de compromis, d’arrangements… pour essayer de rendre Jésus compatible avec nos convictions, coutumes, certitudes, styles…
Il est, Lui, l’Unique, le critère définitif, la nouveauté absolue. Nous le trouverons difficilement en train d’essayer de le réduire à la dimension de notre “univers”.
Il s’agit plutôt, d’ouvrir chaque matin notre esprit, notre cœur, nos entrailles, tout notre être, pour accueillir avec émerveillement et joie sa nouveauté, sa grâce qui nous accueille tels que nous sommes et où nous en sommes, et nous encourage à recommencer, faire des petits pas, avancer…

Sr Gotzone Mezo