Mercredi 26 avril : commentaire de l’Evangile selon St Jean 6, 35-40

En ce temps-là, Jésus disait aux foules : « Moi je suis le pain de la vie.
Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif. Mais je vous l’ai déjà dit : Vous avez vu, et pourtant vous ne croyez pas. Tous ceux que me donnent le Père viendront jusqu’à moi ; et celui qui vient à moi, je ne vais pas le jeter dehors. Car je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé. Or telle est la volonté de Celui qui m’a envoyé : que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour. Telle est la volonté de mon Père : que celui qui voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle ; Et moi, je le ressusciterai au dernier jour ».

En chemin vers la vie éternelle

N’avoir plus jamais faim… n’avoir plus jamais soif… La Samaritaine elle-même disait, deux chapitres avant ce passage : « donne-la moi, cette eau, que je n’aie plus soif » Jn 4,15. Voilà des promesses récurrentes, qui ont particulièrement touché l’évangéliste, et qui viennent nous interroger. De quoi avons-nous soif ? de quoi avons-nous faim ? Le lecteur, dans l’Evangile selon St Jean, est invité à se situer : sera-t-il avec les foules qui ont mangé à satiété et attendent un signe qui les assure qu’ils vont être comblés jour après jour ? ou bien sera-t-il de ceux qui se laissent attirer par Jésus lui-même, et qui se laissent conduire par lui à une adhésion de foi en Celui qui l’a envoyé ?
D’un côté : le besoin d’une possession matérielle : celle du pain que Jésus vient de multiplier pour nourrir la foule (Jn 6,5-13).
De l’autre : le partage de ce que Jésus lui-même vit dans sa relation avec son Père.
Il est compréhensible et légitime que des hommes et des femmes désirent répondre aux besoins vitaux qui sont les nôtres. Jésus prend en compte ces besoins, il vient rejoindre tous ceux qui le suivent là où ils en sont : dans leur besoin d’assouvir leur faim et leur soif de façon durable.
Mais autre est le besoin de posséder avec assurance et autre le désir légitime de ce qui se reçoit. Là se fait un choix crucial : entre une vie qui s’appuie sur une assurance matérielle, qui vient figer la relation : « quel signe nous donneras-tu » (Jn 6,30) ? et une vie de relation : qui implique un cheminement. Dans ce contexte de controverse, Jésus propose patiemment, humblement, à celui qui l’entend d’entrer dans la connaissance de son Père. Quel que soit le chemin par lequel nous venions à Jésus, nous pouvons être sûrs de son accueil, car il nous reçoit comme dons que lui offre son Père. Sans exception. Ce qu’il souhaite nous partager, c’est de nous conduire à la source même de son être. Sa joie, à lui, Jésus, celle dans laquelle il souhaite nous faire entrer, consiste à être en relation avec le Père : faire sa volonté. Cette volonté, quelle est-elle ? Certainement pas un plan préétabli que Jésus et nous-mêmes aurions juste à mettre en application, avec crainte et tremblement… Non, la volonté du Père que Jésus nous enseigne est une volonté de vie, d’une vie qui se reçoit de Lui et se donne aux autres, sans rejet de qui que ce soit. Une vie qui est jaillissante en vie éternelle et se découvre jour après jour dans cette communion à laquelle nous sommes invités. Dans cette intensité de vie partagée, oui, nous n’aurons jamais faim, nous n’aurons plus jamais soif. Et chaque instant ainsi reçu de sa main, est la vie éternelle déjà commencée.
A ceux que traversent cette question : comment pourrions-nous accéder à cette vie éternelle, nous qui ne pouvons voir Jésus de nos yeux de chair ? St Matthieu donne une réponse « Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu ? tu avais faim et nous t’avons nourri ? tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ? Tu étais un étranger et nous t’avons accueilli ?... Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits, c’est à moi que vous l’avez fait. » Mt 25, 35. Ouvrons nos yeux, et nous verrons le Fils, et si nous le croyons, quelque chose de la résurrection nous est déjà accordé.

Sr Marie-Emmanuel Raffenel