Quatrième dimanche de l’Avent : «Emmanuel, Dieu parmi nous !»

Nous arrivons au terme de notre chemin d’Avent… en route vers la grande nuit lumineuse ! Voici qu’Il vient et au matin nous verrons sa gloire ! Contemplons ensemble la naissance de celui qui vient partager notre humanité.

Comme une bande dessinée, l’icône de la Nativité nous raconte une formidable histoire dans laquelle chacun peut trouver sa place.

Pour lire une icône, il faut être un peu géomètre et porter son regard sur les différents espaces de la planche.
- L’espace du haut : c’est le lieu de la présence divine, ici symbolisée par la demi-sphère rouge. On y trouve les anges, messagers de la parole de Dieu.
- Le bas de l’icône est, lui, le lieu de notre humanité : on y trouve Joseph qui se questionne, Isaïe qui l’aide à faire mémoire des prophéties annonçant la venue du messie ; et les sage-femmes.
- Dans le milieu de l’icône : le cœur du mystère. Les bergers informés de la naissance du messie, Marie allongée sur sa couche, tournée vers nous pour nous présenter son fils, tournée aussi vers les rois mages légèrement inclinés présentant leurs offrandes.

En priant devant cette icône, cette année, je suis marquée par les mains voilées des personnes représentés. Ici, tous ont les mains recouvertes de leur tunique : les anges, les mages, les bergers, Joseph et même Marie. Cette attitude révèle le respect de chacun et aussi le mystère de l’événement représenté.

Sur le bord de la montagne, les anges toujours en présence de Dieu pour le servir nous montrent la direction. L’un d’eux annonce aux bergers l’événement. « Tout le ciel s’emplit d’une joie nouvelle : on entend la nuit dire la merveille, fête sans pareille ; le Sauveur est né, l’Enfant-Dieu nous est donné ».

Les bergers, dans les collines avec leurs troupeaux, reçoivent l’annonce de l’ange.

Les mages, guidés par l’étoile, sont arrivés au terme de leur long voyage. Chacun représente une des parties du monde alors connu : l’Europe, l’Asie et l’Afrique. Ils évoquent aussi les trois âges de la vie : l’un d’eux est âgé, portant une barbe blanche ; un autre dans la force de l’âge, la barbe noire ; et le troisième, imberbe, est jeune. Tous les hommes de partout et de tout âge sont donc invités à adorer le Fils de Dieu fait chair.

A l’écart, Joseph, comme étranger à la naissance, semble s’interroger. Que faire ? Agir selon la loi ou selon son cœur ? Isaïe, ici représenté par un jeune homme, fait écho aux nombreuses prophéties annonçant la venue du Messie. « Oui, un enfant nous est né, un fils nous a été donné ! Sur son épaule est le signe du pouvoir ; son nom est proclamé : « Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix ». Et le pouvoir s’étendra, et la paix sera sans fin pour le trône de David et pour son règne qu’il établira, qu’il affermira sur le droit et la justice dès maintenant et pour toujours. Il fera cela, l’amour jaloux du Seigneur de l’univers !» (Is 9, 5-6.)

Et ces deux femmes venues aider la nouvelle mère, les voici qui donnent le bain au nouveau-né. Leur présence témoigne de la réalité de la naissance du Seigneur « selon la chair ». L’une tient l’enfant et l’autre verse l’eau du bain. Ce sont Salomé et la sage-femme dont parle le Protévangile de Jacques.

Voici une autre clé de lecture pour toutes les icônes : à l’intersection des diagonales de la planche se trouve ce qu’on appelle le cœur du mystère représenté. C’est-à-dire le message que l’icône nous transmet. Ici les diagonales se croisent sur le ventre de la Vierge Marie. Elle est représentée couchée pour attester qu’elle a réellement accouché : « Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme. » (Ga 4,4). Sa main soutient son visage pour renforcer avec douceur l’intériorité du moment : « Marie retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. » (Lc 2, 19).

Le Christ : l’amour de Dieu pour les hommes tient la place centrale de la composition. « Un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire » (Luc 2, 12), tel est le Christ que désigne l’étoile. Le Sauveur naît pour vaincre la mort et le péché. C’est le sens des langes qui l’entourent comme à Pâques au tombeau.

Comment ne pas oublier le bœuf et l’âne ! Plusieurs textes sont à l’origine de leur présence à la crèche de Bethléem ; dans Isaïe par exemple : « Le bœuf connaît son propriétaire, et l’âne, la crèche de son maître. » (Is 1, 3). On attribue un autre sens à ces deux animaux : ils représenteraient les cultes païens détrônés par le vrai Dieu, ou bien le bœuf représenterait les juifs, en rapport avec les bergers, et l’âne les nations, en rapport avec les mages. Ainsi, avec eux, tous nous sommes spectateurs et acteurs de cet événement.


Il y aurait beaucoup à lire dans cette icône, beaucoup à prier pour en creuser le sens profond… Reprenez le récit de la nativité de notre Seigneur Jésus Christ dans l’évangile de Luc 2, 1-21. A haute voix ou dans le silence de votre prière, lisez-le et redites-le en regardant l’icône, avec vos propres mots.

« Avec les bergers, avec tous les sages,
c’est le monde entier qui vers lui s’engage
pour voir le visage de l’Amour vivant
qui pour nous s’est fait enfant. »
Par cet hymne du matin de Noël, nous voici tous en route pour (re)découvrir le visage de cet enfant. Dans la prière, je fais mémoire des titres qui lui sont donnés : Dieu-fort, Enfant-Dieu, Fils bien-aimé, Emmanuel, Verbe de gloire, Homme-Dieu, Prince-de-la-paix, Jésus… Et moi, quel nom je lui donne aujourd’hui ? Que représente-t-il dans ma vie ? L’icône est là, non pour être regardée, mais pour se laisser regarder par elle. Elle est parole pour les yeux, fenêtre ouverte sur l’Eternel. Me laissant regarder par l’icône, je choisis une scène et j’y cherche ma place : parmi les bergers, les sage-femmes, aux côtés de Joseph, avec l’âne et le bœuf… Dans le silence et le secret de ma prière, je trouve ma place et je regarde ce qui se passe autour de moi. Comment je vis l’instant, qu’est-ce que je ressens, quelle est ma réaction… Je laisse monter en moi la prière de louange ou d’intercession.

Sr Anne-Claire Dangeard

Pour une première approche des icônes :
-  Les clefs de l’icône – Son langage symbolique, Michel Quenot, Editions Saint Augustin, 2009
- Les icônes des 12 grandes Fêtes, Michel Quenot, Editions Saint Augustin, 2004