Samedi saint : que se passe-t-il aujourd’hui ? Grand silence sur la terre

A écouter sur : https://www.catholique-nancy.fr/accueil/41583-samedi-saint-meditation/

Le Samedi Saint est un jour de silence, d’attente et de recueillement. L’Église invite à se tenir dans la prière confiante, dans l’attente de la résurrection du Seigneur. Pas de messe aujourd’hui. On célèbre simplement la liturgie des Heures. C’est un jour privilégié de silence et de contemplation.

Plus de rites, les cloches ne sonnent plus, l’autel vide est vide, le reposoir fleuri où nous avons jeudi adoré le Saint Sacrement est aussi vide. Même Dieu s’est caché… Ces quelques heures, entre la mort du Christ et sa résurrection a bien de quoi tous nous dérouter un peu. Dieu est caché. L’Eglise nous invite à vivre le Samedi Saint comme un temps de ressourcement intérieur, source de réconfort et d’espérance.
Que se passe-t-il ? Chaque année, j’aime entendre L’homélie ancienne pour le grand et saint Samedi, que nous lisons le samedi matin à l’office des lectures. Il décrit parfaitement l’atmosphère de deuil et d’attente qui règne ce jour-là :

« Que se passe-t-il ? Aujourd’hui, grand silence sur la terre ; grand silence et ensuite solitude parce que le Roi sommeille. La terre a tremblé et elle s’est apaisée, parce que Dieu s’est endormi dans la chair il a éveillé ceux qui dorment depuis les origines. Dieu est mort dans la chair et le séjour des morts s’est mis à trembler. »
C’est le premier homme qu’il va chercher, comme la brebis perdue. Il veut aussi visiter ceux qui demeurent dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort. Oui. c’est vers Adam captif, en même temps que vers Ève, captive, elle aussi, que Dieu se dirige, et son Fils avec lui, pour les délivrer de leurs douleurs. »
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« Que se passe-t-il ? Aujourd’hui, grand silence sur la terre ». L’humiliation volontaire du Christ va jusque-là, dans les abîmes. Pour que soit délivré quiconque accepte de l’être.
« Que se passe-t-il ? Aujourd’hui, grand silence sur la terre ». Grand silence intérieur pour celui qui veut laisser place aux autres, et surtout au Tout-Autre, à Dieu. Grand silence qui est d’abord accueil, ouverture du cœur et présence.
« Que se passe-t-il ? Aujourd’hui, grand silence sur la terre ». Silence de celui qui médite la Parole de Dieu. Silence qui précède et prépare à la rencontre avec Dieu. Alors il pourra nous parler face à face, comme nous le ferions avec un ami.
« Que se passe-t-il ? Aujourd’hui, grand silence sur la terre ». Les cloches de nos églises se sont tues. Ce soir, nous nous rassemblerons autour du feu qui luira dans la Grande nuit de Pâques. Grand silence et arrêt sur image à l’instant où Jésus est mort sur la croix.
Le récit ne reprendra qu’au petit matin de Pâques.
Dans cet espace vide de tout récit, le silence invite chacun à une parole de foi, sans l’obliger. En respectant par ce silence la liberté de notre réponse au geste de salut. Bienheureux les cœurs qui confessent avec Paul que « Jésus est Seigneur. Et que Dieu l’a ressuscité des mort ». (Rm 10, 8-9)
« Que se passe-t-il ? Aujourd’hui, grand silence sur la terre ». Ecoutons ce silence avec Marie, la mère de Jésus, au pied de la croix de son fils. Avec les femmes présentes présentent à la mise au tombeau. Ce silence est stupeur, sidération. Silence qui répond aux grandes catastrophes. Assommées, asphyxiées par le choc.
Au petit matin, les femmes sont venues embaumer le corps de Jésus. Le silence d’après les pleurs, quand le corps est épuisé, ne les a pas arrêtées. Elles sont là, face au tombeau vide et le silence est brisé. Ces femmes vont repartir, apôtres d’un parole nouvelle et inouïe. Parole vivante qui ne les retient pas, qui ne nous retient pas : Allons, « Laissons les morts enterrer leurs morts ». Le Christ envoie ces femmes, il nous envoie vers un monde à évangéliser, c’est-à-dire à nourrir d’une parole capable de convertir le silence, de la stupeur en cris d’enfantement.

Sr Anne-Claire Dangeard