Troisième dimanche de l’Avent : Soyons donc dans la joie du Seigneur qui est proche !

Cette troisième semaine de l’Avent s’ouvre avec le dimanche de Gaudete : Jubile, crie de joie, car il est grand au milieu de toi, le Saint d’Israël », avons-nous chanté au refrain du Cantique d’Isaïe. Soyons donc dans la joie du Seigneur qui est proche !

C’est ce mystère de l’incarnation que célèbrent aussi les icônes. En effet, l’événement fondateur de l’iconographie chrétienne est le mystère de l’incarnation du Fils de Dieu. Puisque Dieu invisible est devenu visible en se faisant homme, il est non seulement possible mais nécessaire de la représenter. C’est ce que Saint Jean Damascène (8ème siècle) affirme avec force dans sa lutte contre les iconoclastes qui mettaient en question l’art chrétien : « Je représente Dieu, l’invisible, non pas en tant qu’il est invisible mais dans la mesure où il est devenu visible pour nous en participant à notre condition. » D’après Saint Jean Damascène encore : « il fut un temps où Dieu, n’ayant ni corps ni forme, il ne pouvait être représenté d’aucune façon. Mais puisque, aujourd’hui, Dieu s’est incarné et a vécu parmi les hommes, je peux représenter ce qui est visible en Dieu. Je ne vénère pas la matière, mais je vénère le créateur de la matière ».

Ainsi, l’icône n’est pas une simple image religieuse. Elle est toujours chargée de nous révéler une « mystérieuse présence ». Elle nous invite à la rencontre, à la contemplation.
Contemplons ensemble l’icône de l’Annonciation. Celle devant laquelle nous prions en communauté a pour nom « Vierge à la quenouille ». La composition est simple, verticale : deux personnages, l’un face à l’autre.
L’archange Gabriel, le messager de Dieu, les doigts disposés pour bénir, tend vers la Vierge Marie le bras droit en un geste oratoire. C’est l’expression des paroles évangéliques : « Réjouis-toi, comblée de grâce », à la fois salutation et bénédiction rassurante avant le message : « Le Seigneur est avec toi, ne crains pas. » (Luc 1, 28).
Debout sur une petite estrade qui contribue à mettre en valeur sa dignité, Marie tourne la tête vers nous. Attentive à l’écoute, elle semble nous prendre à témoin : « Comment cela se fera-t-il ? » (Luc 1, 29). Tandis que d’une main, elle tient la quenouille, elle élève l’autre, la paume ouverte posée sur sa poitrine en signe d’acquiescement. C’est le moment grave où elle prononce humblement le « Fiat » auquel était suspendu le sort de l’humanité et qui fait jaillir aussitôt la réponse divine : la conception du Christ.
J’aime aussi voir dans cette quenouille, l’histoire que nous sommes invités à tisser avec le Christ. Cette histoire c’est aussi la vôtre, semble nous dire Marie. Voici mon fils bien-aimé.
Dans le petit enfant représenté sur le buste de la Vierge Marie s’accomplie le mystère divin. Il a déjà visage d’homme et lui-même, la paume ouverte sur sa poitrine semble, dans un double mouvement, nous accueillir et, dès sa conception, évoquer sa disponibilité au dessein de Dieu.
Au sommet de la composition figure une demi-sphère, dont parfois émane un rayon lumineux en direction de Marie. Il évoque l’action de l’Esprit Saint venu sur elle et la puissance du Très-Haut qui la prend sous son ombre (Luc 1, 35).


Je vous propose, cette semaine, de relire ensemble notre histoire tissée avec Celui qui vient, à l’annonce de l’ange, et par la médiation de Marie.
Quels « anges » ai-je croisé sur mon chemin et comment ils m’ont annoncé la Bonne Nouvelle ? A mon tour puis-je devenir ce messager de Dieu ? Quelle est ma bonne nouvelle aujourd’hui ?
Quel chemin ais-je parcouru (tissé) avec le Christ ? Quels sont les possibles qui s’ouvrent devant moi pour renforcer cette relation ?
Qu’ai-je aujourd’hui à offrir afin de libérer mon cœur et me permettre de l’accueillir comme notre Sauveur ?

Et si les mots vous manquent, contemplez tout simplement. Laissez vous porter par l’hymne acathiste à la Mère de Dieu (à écouter ici) :
Ô Mère bénie entre toutes, toi qui as enfanté le Verbe de Dieu, le Seul Saint, reçois l’offrande de notre prière. Garde-nous de tout malheur et de toute menace, nous qui te chantons d’un même coeur :

(…) Réjouis-toi notre Avocate auprès du Juge juste et bon
Réjouis-roi en qui arrive le pardon pour la multitude
Réjouis-toi Tunique d’espérance pour ceux qui sont nus
Réjouis-toi Amour plus fort que tout désir.

Sr Anne-Claire Dangeard