Vie consacrée en communion

Publié le : 22 mars 2016

Rencontre internationale pour la clôture de l’année de la vie consacrée, (28 janvier-2 février 2016), Rome

Du 28 janvier au 2 février 2016, Sr Carmen et moi, nous avons participé à la rencontre Internationale « vie consacrée en communion » pour la clôture de l’année de la vie consacrée, à Rome. Nous étions 5000 participants, représentants de l’Ordre des Vierges, de la vie monastique cloîtrée, des Instituts de vie apostoliques, de vie monastique masculine et les sociétés de vie apostolique, des Instituts séculiers t des Nouveaux instituts et « nouvelles formes ». Il était beau de voir la diversité d’état de vie, d’âge, de culture (d’habits aussi) ! Tout cela était même dynamisant… Le théologien Christophe Théobald, sj, a même pu dire de notre assemblée, avec une pointe d’humour : « Nous serions ici en quelque sorte ces oiseaux si divers, parfois exotiques, qui nichent pour un bref instant sur les branches de la plus grande des plantes potagères, sortie de la plus petite de toutes les semences (Lc 13, 18sv), avant de nous laisser emporter à nouveau par le vent de l’Esprit, pour nous envoler vers tous les continents de la terre. »

Le rassemblement a commencé avec une veillée de prière dans la Basilique Saint Pierre, présidée par SE Mgr José Rodriguez Carballo, ofm. Les jours suivant, les participants se sont retrouvés, par forme de vie consacrée pour des moments de réflexion et de partage, sous forme d’ateliers, et en grande assemblée. Le 1er février a été marqué par une audience avec le Saint Père. Et la rencontre s’est terminée par un pèlerinage de la Miséricorde et la célébration eucharistique présidée par le Pape François, le mardi 2 février, à la Basilique Saint Pierre. Nous avons eu la chance de participer à cette célébration avec les sœurs de Rome !

De nombreux orateurs se sont succédé à la tribune. Plutôt que de résumer leurs interventions, je vous partage quelques thèmes qui m’ont interpelée et stimulée. Ils ne sont pas nouveaux et nous les convoquons souvent dans nos réflexions : communion, Église en sortie, Interculturel, Parole, Formation, Prophétie…

Inter…
Inter-congrégation et cette invitation du Cardinal Braz de Aviz à évangéliser ensemble dans l’unité de nos charismes et de nos diversités. « Ayez en vous les dispositions qui sont dans le Christ Jésus » (Ph2, 5)
L’inter-culturel est une compétence à acquérir dans un processus de « formation permanente ». Trois chemins nous sont proposés pour élaborer cette formation :
- approfondir sa propre identité (rencontre la personne avant sa nationalité) et ensuite se décentrer,
- entrer en relation empathique avec l’autre et comprendre son système de référence,
- promouvoir le dialogue pour une relecture constante de cette relation en vue de la communion.
L’interculturel n’est pas une option mais une question de vie bonne. Elle est une exigence existentielle pour la mission et il s’agit d’en faire l’expérience pour devenir épiphanie de communion afin de mieux accompagner nos peuples dans la diversité de nos cultures… vers la paix.

Formation
La formation est à redécouvrir comme un style de vie pour grandir, en taille, en grâce et en sagesse. Un style de vie, sous le mode du pèlerinage ou de l’exode vers la terre promise. Il nous invite à trois défis :
- l’harmonisation des dimensions humaines, spirituelles et missionnaire ;
- une prise de conscience que chacun est responsable de ce chemin de formation, avec l’aide de son institut qui est là pour traduire ce projet et animer la responsabilité de chacun ;
- offrir les instruments adéquats…

Prophétie
Le thème de la prophétie a été abordé sous l’angle de la miséricorde. Avec cette interpellation : croyons-nous suffisamment en nous-mêmes ? Le pape nous invite à être des prophètes actifs et concrets qui prennent le risque de vivre l’amour. Le prophète explore de nouvelles voies dans une créativité fidèle à la Parole ; il prophétise à partir d’une rencontre personnelle avec Dieu qui lui donne l’impulsion. La prophétie a aussi une fonction correctrice qui nous invite à des prises de risques, à « la révision de nos charismes » (P. Bruno Secondin, ocd, « Vie apostolique. Quelle miséricorde ? »)… Comme la flamme n’est pas la cendre, le charisme n’est pas une relique du passé ! Le prophète se reconnaît aussi dans sa capacité à constituer, au-delà des individualités, un système organique qui prend des initiatives (et ne se contente plus de regarder par la fenêtre)… Dans cette même dynamique, je retiens l’invitation d’un orateur à nous ouvrir aussi bien aux périphéries existentielles qu’aux périphéries intellectuelles.

Eglise en sortie
Je vous cite un extrait de l’intervention de Christophe Théobald, sj, « Reproduire en soi, dans la mesure du possible, la forme d vie que le Fils de Dieu a prise en entrant dans le monde. (VC 16) :
« …au service de nos « Galilée » d’aujourd’hui… » : Comme le Christ Jésus, les « consacrés » ont reçu la « capacité de scruter l’histoire dans laquelle ils vivent », non seulement en surface, mais en « connaissant – avec Dieu – les hommes et les femmes, leur frères et sœurs » de l’intérieur et en profondeur (cf. II/2). J’ose donc évoquer trois traits qui me semblent caractériser notre situation historique et se présenter comme une brèche – il en a été question à propos de la Galilée – dans laquelle notre « vie consacrée » prend déjà des formes nouvelles : (1er) le rapport problématique de l’humanité à son avenir, (2e) la menace qui pèse sur la cohésion sociale de nos sociétés et (3e) la difficile implication de tous, surtout des derniers, dans les décisions qui les concernent. En évoquant ces traits, je nous invite cependant à ne pas oublier que, comme dans les évangiles, ce sont des « événements » concrets – telle rencontre, telle circonstance – qui suscitent notre imagination évangélique et nous provoquent à créer tel « lieu autre » (II/2), à y tracer tel « chemin alternatif », à y proposer tel « rythme de vie différent » ou que sais-je encore. « Penser globalement, mais agir localement » (cf. EG, 234-237) ; l’adage qui nous est familier nous rappelle l’importance du « ici et maintenant » et de « l’aujourd’hui » quand il s’agit d’entendre la voix de Dieu et de l’entendre en écoutant en même temps – dans une sorte d’écoute stéréophonique – les voix de nos concitoyens et de la terre.

En thème final, je garde en mémoire ces quelques affirmations proposées par le Forum sur les exigences de l’interculturel, sur la tension entre le temps et l’espace.
-  La lutte du quotidien ne doit pas nous faire perdre de vie l’horizon.
-  La réalisation est au-dessus de l’idée… agissons !
-  L’unité est au-dessus des conflits.
-  Le tout est supérieur à chaque partie.

L’année de la vie consacrée n’était pas encore terminée que le Pape nous offrait une année jubilaire de la Miséricorde. J’y vois une main tendue à la vie consacrée pour vivre le passage d’une année à l’autre comme un temps de configuration à la miséricorde du Père. J’y vois aussi l’invitation à faire de la vie consacrée apostolique un lieu de contemplation, de réflexion théologique et de formation à la miséricorde. (cf. Conférence de Sr Nathalie Becquart, xavière)

Sr Anne Claire M. Dangeard