Vient de paraître : “Les Fenêtres de l’âme - Aimer et prier avec ses cinq sens”

Published : 30 January 2015

Il n’est pas facile aujourd’hui de trouver un guide spirituel écrit de manière simple, sans tomber dans le douceâtre ou au contraire dans des critiques acerbes du monde moderne, et qui ouvre de réelles et nouvelles perspectives spirituelles à lire avec passion. Les fenêtres de l’âme. Aimer et prier avec ses cinq sens (Les Éditions du Cerf) (Éditions du Cerf) - un petit livre de sœur Catherine Aubin, dominicaine, professeur de théologie spirituelle et spécialiste de la prière, qui est sur le point d’être traduit en espagnol et en japonais (et bientôt on espère en italien) - Il nous permet de vivre cette surprise. Rien de déjà lu et de passe-partout, comme cela arrive souvent dans ce type de littérature, même si bien sûr il y a des citations, nombreuses et souvent imprévisibles, tels que les fréquentes reprises de Etty Hillesum: dans le développement du thème nous ressentons la force de l’expérience réelle, de l’expérience concrète, ce qui donne à ce livre ce ton de vérité et de faisabilité pour le lecteur qui constitue en grande partie son charme.

Catherine Aubin enseigne qu’il est possible de communiquer avec Dieu, c’est-à-dire de vivre une extraordinaire expérience spirituelle, d’entrer à l’intérieur de nous-mêmes. Et pas seulement dans un sens psychique, mais concrètement, au travers de nos sens corporels : c’est un chemin fondamental que tout le monde devrait expérimenter car « la faiblesse et la fragilité de l’homme intérieur est l’un des plus grands problèmes de notre temps. » En effet, nous ne sommes plus guidés pour développer notre vie intérieure, pour passer des sens extérieurs aux sens intérieurs, qui permettent à l’âme et au cœur de se mettre en présence de Dieu. À travers le corps, nous pouvons recevoir le Saint-Esprit jusqu’aux racines de l’âme.

C’est ainsi que l’oreille ouvre à l’obéissance à la parole de Dieu, comme le montre l’exemple de Marie, qui a conçu le Messie parce qu’elle a écouté, dans le plus fort sentiment de compréhension et d’acceptation. Durcir les oreilles et fermez les yeux, dans les Évangiles signifie avoir un cœur insensible. Et Jésus ne parle pas seulement de la vue physique, mais de la vue intérieure, dont la fonction est de comprendre le sens de sa vie, ses priorités. Mais la foi seule permet à l’œil de voir au-delà des apparences et de voir l’invisible. Il est alors possible de dire que le sens de la vie « est de guérir les yeux du cœur pour que Dieu soit vu, et l’œil de l’âme purifié afin de réaliser la vision de Dieu ».

Le goût est le sens le plus subjectif, le moins rationnel, et pourtant il n’est pas rare que les termes « goût » et « goûter » soient utilisés avec un sens spirituel. Devant le désir de la nourriture, Jésus enseigne à l’homme l’aspiration à ce qui peut étancher sa soif et sa faim et lui donne l’Eucharistie, le sacrement de l’union, du contact. Un certain goût spirituel est inhérent au don de la sagesse, et - écrit l’auteur - « crée une profonde insatisfaction, pas tellement de savoir, mais de « sentir » et « d’essayer. »

Pour beaucoup de gens, le toucher est un instrument de communication privilégié, le langage de l’amour : un câlin, un geste de la main, peuvent avoir plus de sens que mille mots, plus qu’un regard. Jésus, qui intervient plusieurs fois en touchant avec ses mains ou en se laissant toucher, nous a laissé les sacrements, qui présupposent un toucher. Dieu entre en relation avec l’homme intérieur à travers les sacrements, et « du début à la fin, la liturgie invite le corps à se laisser toucher par Dieu et à devenir physiquement conscient qu’il demeure en nous. »

Enfin, le sens de l’odorat est le plus intime des cinq sens, qui spiritualise la matière et lui donne une forme de liberté, parce qu’il possède une rare puissance d’évocation, quel que soit le contexte. Il n’occupe pas l’espace et néanmoins pénètre partout. On ne peut pas le saisir, comme l’esprit qui le perçoit et, en ce sens, « il s’approche au plus près de ce qui est spirituel. »

Par nos sens, qui sont également des portes spirituelles, nous pouvons nous laisser envahir par l’Esprit Saint, quand il inspire les gestes et les actions du corps en touchant toute la personne, il se fait presque visible et perçu par tout le monde. Donc, celui qui s’ouvre à l’Esprit « devient un outil ou même un « moyen de communication» de Dieu ». Écrit avec passion et simplicité, ce livre peut être considéré comme un véritable outil d’une nouvelle évangélisation. Parce qu’il traite aussi de la prise en charge -fondé sur l’Incarnation – de l’unité entre le corps et l’esprit, qui constitue un des points les plus significatifs de la rencontre entre le christianisme et la pensée contemporaine.

Les Fenêtres de l’âme - Aimer et prier avec ses cinq sens
Auteur : Sr Catherine Aubin
Parution : Août 2010
Prix : 14,00 € - 160 pages
Collection « Epiphanie »

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Source : Osservatore Romano, 30 août 2012