Commentaire des lectures du jour : Mercredi 29 novembre 2023 « Par votre persévérance vous sauverez vos âmes »

Lectures
Daniel 5,1-6.13-14.16-17.23-28
Ps : Dn 3,62.63.64.65.66.
Lc 21,12-19

« Tu n’as pas honoré le Dieu qui tient en sa main ton souffle et tous tes chemins ».

Nous nous trouvons aujourd’hui devant un autre texte difficile à comprendre. Et plus encore si nous prenons en compte le fait que le récit n’est pas pris en entier, et que dans ce que nous avons entendu la finale de cette « histoire » n’est pas incluse.
Pour commencer, les spécialistes de l’Ecriture nous disent que ce récit n’a rien à voir avec l’histoire. Il s’agit d’une invention, qui a sans doute un but instructif. L’auteur prétend enseigner quelque chose. Et, en ce sens, les interprétations sont très diverses.
Essayons une tentative d’approche, conscients qu’il existe beaucoup d’autres possibilités. La première chose que l’on remarque en lisant attentivement le passage, c’est que le récit prend progressivement un tour inquiétant. Il commence par un banquet somptueux et culmine dans l’annonce d’un désastre définitif.
Entre les deux, le roi Balthasar humilie et méprise le Dieu d’Israël, profanant les vases sacrés volés dans le temple de Jérusalem, y buvant et trinquant avec eux tout en adorant les dieux d’or et d’argent… Soudain, apparaissent les doigts d’une main écrivant sur le mur un message qui, interprété par Daniel, annonce la fin du royaume et du règne de Balthasar.
Dans le contexte l’explication est claire et offerte par le récit lui-même. Et pour nous aujourd’hui ? Peut-être… une vie qui paraît réaliser son objectif et être à son point culminant, dans la jouissance, la distraction, le bien-être, le succès, l’argent, le plaisir, le pouvoir…, est-elle une vie remplie si tout cela s’obtient, ou peut-être est-ce une vie superficielle, vide ? Pouvons-nous nous passer de l’intériorité, de la spiritualité, de la relation avec Dieu, sans que s’effondre l’échafaudage qui soutient notre vie ?

« Par votre persévérance vous sauverez vos âmes. »

Dans l’évangile de Luc, nous entendons aujourd’hui une partie du discours de Jésus sur la fin des temps. Un discours dans lequel apparaissent les multiples situations dans lesquelles vont passer les croyants au long de leur vie personnelle et de l’histoire de la communauté de ceux qui suivent Jésus.
Il y a une annonce de difficultés, de persécution, de souffrances auxquelles nous aurons à faire face, pour sa cause à Lui, mais aussi une invitation à la sérénité et à la confiance parce qu’avec sa force nous pourrons témoigner de Lui, et une promesse de salut pour ceux qui sauront persévérer.
Il semblerait que cette annonce de Jésus ait des résonances très différentes dans les divers lieux de notre monde. Car, effectivement, dans certains endroits, des disciples de Jésus sont persécutés, du seul fait d’être ses disciples. Cependant, dans le contexte des pays occidentaux il n’est pas habituel que nous puissions parler de persécution du fait d’être disciples de Jésus. Ce serait prétentieux de notre part de supposer que nous sommes persécutés parce que nous suivons Jésus. Au contraire, nous vivons un moment historique où nous avons besoin d’une réflexion humble pour reconnaître qu’au-delà de tous les préjugés anticléricaux qui existent vraiment, la « persécution » de l’Eglise se fonde sur l’existence d’actes criminels très graves commis par ses membres, que nous ne pouvons pas essayer de minimiser et devant lesquels nous ne pouvons que demander pardon.
Mais il est vrai aussi que ceux qui désirent suivre Jésus rencontrent des obstacles et des difficultés dans nos sociétés dites développées. Le désintérêt, le mépris, la marginalisation, l’exclusion de tout ce qui paraît avoir une relation avec Dieu ou la religion devient habituel dans de nombreux environnements. Nous les trouvons parfois parmi ceux qui nous sont les plus proches et les plus chers, et nous nous sentons sans outils pour établir un dialogue ouvert et sans préjugés… Comme nous avons besoin de mendier cette sagesse que Jésus nous promet pour pouvoir témoigner de la joie immense de sa présence dans notre vie ! Et comment, aussi, supplier de ne pas cesser de nous sentir affectés par l’indifférence désolante qui se passe si facilement de Dieu !

Sr Gotzone Mezo Aranzibia