16/04/2018 : Réflexion sur l’Evangile du jour

Que devons-nous faire pour travailler à ce que Dieu veut ?
Sr Gotzone Mezo commente les textes suivants : Actes 6,8-15 et Jean, 6,22-29

Le bien nous-est-t-il insupportable ?
Pour ceux qui s’approchent avec assiduité de la Parole de Dieu, il semble que la lecture des Actes que la liturgie offre aujourd’hui introduise directement au déroulement complet de la confrontation entre Etienne et quelques Juifs. Connaître la finale de l’histoire, si surprenante si nous prenons en compte le fait que le récit commence en énumérant les merveilles qu’Etienne réalise, peut faire que nous « survolions » l’ensemble du texte pour en rester à l’issue que nous connaissons…
Mais aujourd’hui la lecture ne dit rien de ce qui arrivera à Etienne. Elle se termine par une constatation étrange qui rend difficile à comprendre le drame qui suivra : tous ceux qui étaient présents au Sanhédrin fixèrent les yeux sur Etienne et son visage leur apparut comme celui d’un ange. Point final inattendu. Ce passage a-t-il quelque chose à nous suggérer ?
Etienne, présenté dans un parallélisme impressionnant avec la personne de Jésus, est TEMOIN, par ses paroles et ses actes, de la présence du ressuscité dans notre réalité (personnelle, communautaire, sociale…). Sa manière d’agir, au-delà de l’émerveillement pour les signes réalisés, introduisait le bien autour de lui, comme Jésus l’avait fait avant lui. N’y aurait-il rien de plus que de la reconnaissance et de la joie ?
Quelle dynamique se déclenche dans le cœur de l’être humain pour ne pas être en mesure de supporter quelqu’un qui n’offre que du bien ? « Quelques-uns » venant de lieux éloignés ne peuvent tolérer le témoignage d’Etienne... quand curieusement le Sanhédrin, qui a condamné Jésus, constate qu’il a le visage d’un ange.
Pourquoi tant de difficulté à écouter et accueillir le témoignage d’un « autre » ? Qu’est-ce qui nous aveugle ? Nos intérêts qui peuvent se trouver en danger, nos principes qui ne nous permettent pas de voir la réalité, nos préjugés qui bloquent d’avance l’accès aux autres ? Le désir de pouvoir et de suprématie face à l’autre nous dégrade jusqu’à nous rendre esclaves du mensonge et capables d’attenter à la vie…

Que devons-nous faire ?
Jésus avait rassasié la faim de beaucoup de gens, et cela provoque alentour un mouvement d’affluence vers les lieux où il serait possible de le rencontrer. Les gens n’épargnent aucun effort, mais Jésus est sceptique quant à l’enthousiasme qu’il suscite. Il sent que ce n’est pas Lui qu’ils cherchent mais ce qu’il pourrait leur donner. C’est sans doute humain, comment ne pas aller vers celui qui nous a fourni ce dont nous avons un besoin impérieux ? Eternelle ambiguïté de nos adhésions et de nos désirs… Ils s’efforcent de découvrir où il est, d’arriver jusqu’à Lui, et quand ils le trouvent, leur degré d’attachement à Lui, de syntonie avec ses propositions est si flou que tout ce qu’ils trouvent à lui demander est : « Quand es-tu arrivé ici ? »
Jésus est clair et les confronte à leur réalité : vous me cherchez parce que vous avez eu à manger. « Et nous, pour quoi le cherchons-nous ? Ou peut-être : le cherchons-nous, le cherchons-nous vraiment ?
Et la contre-proposition provocatrice de Jésus : travaillez pour la nourriture qui demeure pour toujours. Confusion logique : que devons-nous faire ? Et réponse plus déconcertante : le travail à faire est de croire en celui que le Père a envoyé.
Croire en Jésus, travail de toute une vie, désapprendre, lâcher, abandonner le désir de contrôle, se savoir et se sentir « œuvre de », en recevant tout, jamais maîtres, commençant chaque jour la fascinante aventure d’apprendre à mettre la vie dans Ses mains.