30ème semaine du temps ordinaire Jeudi 29 octobre 2020 « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! »

Lectures :
Eph 6,10-20
P 143 1 bcd. 2.9-10
Lc 13,31-35

1- « Cherchez votre force dans le Seigneur et son invincible pouvoir »
Quand nous regardons la création, et en elle l’être humain, nous ne pouvons omettre de penser à ces paroles de la Genèse : « Et Dieu vit que cela était bon » C’est que l’amour du Seigneur se répand, se manifeste dans tout ce qu’Il crée et tout porte la trace de son amour et de sa bonté.
Et cependant, nous sommes conscients que notre vie a beaucoup de zones d’ombre, d’obscurité. Nous percevons clairement l’existence du mal en nous et autour de nous.
Dans la première lecture d’aujourd’hui, Paul nous invite à résister au mal. Dans un langage militaire, que les gens de son entourage comprenaient bien, il compare la vie à un combat contre un ennemi dont la force est « surhumaine » ; de cette façon il nous informe sur le pouvoir du mal, sa capacité à nous introduire dans des chemins qui nous conduisent à nous éloigner de Dieu, des autres et de nous-mêmes ; des chemins qui nous mènent à la mort.
C’est pourquoi Paul nous exhorte à nous « armer » « intérieurement » ; et dans la pratique cela consiste à ouvrir à Dieu le livre de notre vie, avec ses lumières mais aussi ses ombres, pour pouvoir lire avec Lui ce qui s’y est passé ; à avoir confiance en la force transformante et salvatrice de sa Parole ; à prier sans cesse pour demander que vienne à nous et à notre monde le Saint Esprit qui nous conduit jusqu’à la vérité sur nous-mêmes, qui nous enseigne à vivre selon la justice, qui nous met en route pour continuer la mission du Christ et annoncer l’Evangile de la paix.
En ce moment de ma vie, qu’est-ce que je vis comme mal dans ma vie et dans la vie de notre monde ? Quelles ressources intérieures parmi celles que Paul propose puis-je cultiver davantage en moi ?

2- « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! »
En route vers Jérusalem, Jésus reçoit un avertissement : Hérode veut le tuer. Les pharisiens l’invitent à s’éloigner, ce qui paraît le plus prudent. Cependant, Jésus répond aux pharisiens dans des termes forts, vaillants, et même provoquants. Face aux conseils des pharisiens d’éviter ce qui menace sa vie, Jésus met en évidence ce qui la soutient, qui le rend fort intérieurement et lui permet donc de vivre cette situation menaçante, non comme quelque chose qui le ferait trembler et qui le paralyserait, mais comme quelque chose de présent et de réel, mais qui ne pourra jamais l’empêcher de vivre ce qui est pour lui le fondamental, l’important, y compris plus que sa propre vie : la fidélité à la volonté du Père qu’il a fait sienne, qui est sa nourriture et son orientation vitale. C’est pourquoi Jésus peut affirmer en toute liberté : « Ma vie, nul ne la prend, c’est moi qui la donne volontairement ». (Jn 10,18)
C’est qu’à l’horizon de la vie de Jésus est la Vie, avec des majuscules, qui resitue tout, y compris la mort elle-même. José Calderón Salazar, journaliste guatémaltèque l’exprimait de manière magnifique : « Les chrétiens, nous ne sommes pas menacés de mort. Nous sommes menacés de Résurrection ».
C’est cette Vie qui surgit de l’Amour de Dieu, qui oriente le cheminement de Jésus et se reflète dans ses gestes d’expulser les démons et de guérir les malades. Une vie que rien ni personne ne pourra vaincre, pas même la mort.
Jésus n’est pas un rêveur, il connaît le sort de ceux qui se sont risqués à mettre en question les structures injustes qui oppriment les personnes et à interroger ceux qui les soutiennent ; il a aussi l’intuition de son destin. Mais il ne semble pas que ce soit sa mort qui lui fasse le plus mal, mais plutôt l’incapacité de Jérusalem à accueillir la Parole de salut, son attitude de fermeture
à son égard et donc de travailler à sa propre ruine. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une ruine définitive, comme il semble possible de le déduire du dernier verset : une lueur d’espérance se dessine au bout du chemin, quand nous pourrons proclamer ensemble : « Béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur ! »
L’expérience de se sentir menacé, qu’elle soit fondée objectivement ou non, est une expérience qui nous accompagne tous ; c’est l’expérience que quelque chose met plus ou moins notre vie, notre intégrité personnelle ou physique en danger.
Devant ce qui nous menace, nos ressentis sont divers : peur, rage ou agressivité, honte ; et selon ce sentiment notre réaction est différente : nous fuyons, nous nous bloquons, nous réagissons avec agressivité ou violence, etc. Parfois, les menaces sont réelles, et d’autres ne le sont pas mais nous les percevons comme telles.
Aujourd’hui, reconnaissons ces situations par lesquelles nous nous sentons menacés et nommons aussi les émotions et réactions qu’elles provoquent en nous. Puissions-nous les accueillir et les vivre à la lumière de de l’espérance que nous apporte toujours la Parole de Dieu car nous savons que « ni la mort, ni la vie, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ ». (Rm 8,38-39)

Sr María Ferrández Palencia