Commentaire biblique : 4ème semaine de l’Avent - Lundi 21 décembre 2020

“Bénie es-tu entre les femmes »
Lectures :
Cantique des Cantiques 2,8-14
Psaume 32, 2-3. 11-12. 20-21
Luc 1,39-45

« La voix de mon bien aimé ! Regardez : Il arrive déjà ! »
Le Bien Aimé arrive !
Seule la beauté du langage poétique peur exprimer ce que seul un cœur amoureux est capable de percevoir. Dieu vient comme un amant, fou d’amour pour sa créature. Lui prend l’initiative ; et ce qui nous parvient d’abord de sa présence est « sa voix », son « approche », son « regard », qui nous cherche, nous désire, nous attend. Elle ne nous envahit pas, ne s’impose pas ; elle est là, à la fenêtre de notre vie, attendant que nous lui ouvrions et que nous la laissions se faufiler dans notre maison pour y mettre un peu de lumière, d’espérance, de sens. Elle est là et nous parle, en nous invitant à nous tenir debout, nous qui nous sentons si souvent sans énergies et sans raisons d’espérer.
C’est la parole de l’Amour qui me fait lever, qui me rend la confiance en Lui, en moi, en ceux qui m’entourent, en la vie. Et nous avons tellement besoin d’entendre cette parole pour sortir de nos hivers ! Et notre monde aussi a besoin de l’écouter ! En ce moment, plus que jamais, notre mission est de dire à chaque personne qu’elle est belle et qu’elle est aimée ; et non seulement le lui dire, mais lui faire sentir à travers nos gestes et notre présence accueillante et proche que sa vie est vraiment précieuse.
Nous vivons des temps où trop de vies sont tombées ou sur le point de tomber. Des vies dépossédées, appauvries, exilées, abandonnées, dépréciées, ignorées, réduites au silence, maltraitées. Certainement, nous pouvons donner à quelques-unes d’entre elles un visage et un nom ; beaucoup d’autres sont peut-être pour nous anonymes. Mais elles existent toutes, ont leur histoire et à chacune d’elles Dieu parle avec la voix de l’amour comme dans le Cantique des Cantiques : « Lève-toi, ma bien aimée, ma belle viens ! Regarde, l’hiver est passé ».

« Quand ta salutation a touché mes oreilles, la créature a bondi d’allégresse au-dedans de moi. »
Si dans le Cantique des Cantiques c’est « l’Aimé » qui se met en route vers sa bien-aimée, maintenant c’est Marie qui, poussée par l’Amour qui croît et grandit dans son sein, se met en route avec empressement, à la rencontre d’une autre femme, porteuse de vie elle aussi.
Dans un village de Judée, sans nom, et au milieu de la banalité du quotidien, toutes deux partagent, dans la complicité de celles qui se sentent bénies du Dieu qui rend la vie féconde, la joie qui bourgeonne en elles et qui a besoin de se communiquer.
La joie véritable est toujours reconnaissante. Parce qu’elle reconnaît son origine en « Celui qui est tout joyeux à cause de toi, t’aime, jubile et crie de joie à cause de toi comme en un jour de fête. » (Sophonie 3,14 et ss). Et non seulement elle est reconnaissante mais aussi expansive car elle sourd d’une surabondance de l’amour qui porte en son propre dynamisme le mouvement pour sortir de soi, se dévouer et servir.
Chaque jour, nous nous levons, nous nous mettons debout pour commencer notre journée. Aujourd’hui, vers où et vers qui se dirigent nos pieds ? Quelles sont nos « visites » prévues ? Que portons-nous en dedans que nous avons besoin de partager ? Sommes-nous capables de reconnaître la vie qui bat à nos côtés et en nous-mêmes ?
Déjà aux portes de Noël, laissons-nous visiter par celle qui nous entraîne vers le Désiré des temps. Que la joie de la mère nous aide à reconnaître la présence du Fils dans notre réalité et que cette présence nous fasse bondir de joie pour nous mettre en route vers la rencontre de ceux qui attendent aussi notre visite et notre proximité solidaire. Laissons du temps aujourd’hui pour la rencontre, pour les rencontres ; réjouissons-nous de la vie de ceux qui nous entourent et de la nôtre. Donnons du temps à l’important qui est presque toujours dans les petites choses que nous ne valorisons souvent pas. Et maintenons une espérance active, qui cherche à parcourir les chemins de la justice, de la paix et de la miséricorde, parce que nous croyons que « ce que nous a dit le Seigneur s’accomplira. »

Sr María Ferrández Palencia