Commentaire biblique des lecture du Mercredi de la 31ème semaine du temps ordinaire

• Rm 13,8-10
• Ps 111,1-2.4-5.9
• Lc 14,25-33

1- Aimer, c’est accomplir toute la Loi.
Dans le texte que nous entendons aujourd’hui de la Lettre aux Romains, Paul nous dit les choses très clairement. Comme en d’autres occasions, il parle de la primauté de l’amour. Aimer, c’est accomplir toute la loi, nous dit-il. Et il est certain que nous partageons son point de vue, car effectivement, celui qui aime ne fait pas de mal à l’autre.
Ce qui peut parfois nous arriver, c’est que nous nous demandons jusqu’où, jusqu’à quand… pratiquer cet amour envers les autres. Ce « n’ayez de dette envers personne sauf l’amour », nous le percevons en termes d’obligation. Et, de fait, avoir une dette signifie que nous devons rembourser quelque chose à un autre.
Mais… nous parlons aussi de « nous sentir en dette » devant tout ce que nous avons reçu, à commencer par la vie. Dette qui n’implique pas d’obligation, parce que tout ce que nous recevons est don. Et c’est ici que peut se trouver la clé. En vivant à partir du don, l’amour est une conséquence que nous pourrions dire « inévitable ». Son essence est de « demeurer en permanence ». Je ne me demande pas quand j’en aurai fait assez pour les autres, et si j’aurai le droit de me reposer et de m’occuper de mes affaires… car il ne s’agit pas de ce que je fais, mais d’une manière d’être, de vivre, de cheminer vers la plénitude proposée en « m’exerçant » à l’amour que Dieu est et m’invite à être.

2- Celui qui ne renonce pas à tous ses biens ne peut être mon disciple.
Jésus se présente à nous aujourd’hui d’une manière que nous pouvons ressentir comme provocatrice et exigeante. Suscitant des questions, faisant des propositions que nous pouvons presque considérer contradictoires, et produisant peut-être des résistances…
Il m’est vraiment difficile de commenter ces paroles qui nous sont adressées aujourd’hui dans l’évangile. Après leur avoir fait faire pas mal de tours en moi, me viennent trois paroles qui, me semble-t-il, pourraient peut-être exprimer quelque chose de ce que Jésus peut nous dire aujourd’hui.
Décision. L’évangile commence en disant que beaucoup de gens accompagnaient Jésus. Et lui, soudain, annonce clairement ce que signifie le suivre. Il le fait d’une manière qui est pour nous choquante, difficile à comprendre, d’une exigence maximale au moins apparemment. Nous avons l’habitude d’introduire toutes sortes de nuances dans le langage qui finalement désactivent la force du message. Lui va tout droit au fait et est radical. La décision de le suivre suppose d’avoir découvert qu’il est, Lui, le fondement, le sens, la clé, la lumière, la joie… de notre vie ; qu’il n’y a rien de plus important que Lui ; que tout est très important avec Lui. Jésus est radical au sens étymologique du mot : il vit à partir de sa racine la plus profonde et nous invite à la faire nôtre. A la racine de la vie, Dieu, comme notre possibilité d’être.
C’est quelque chose de très différent de ce que nous appelons radicalité en référence à ceux qui s’accrochent aveuglément à leurs principes et essaient d’éliminer tout ce qui n’est pas en accord avec eux.
Conscience. Être conscients de ce qu’implique la décision de le suivre. Savoir sur quel terrain nous voulons risquer notre vie. Jésus donne deux exemples bien simples de la nécessité de faire les calculs avant de commencer une entreprise…
Détachement. « De même pour vous » dit Jésus. Et quand nous pouvions imaginer qu’il allait nous recommander de bien penser aux moyens dont nous disposons pour nos projets de vie, il passe outre toute logique pour faire une proposition inimaginable : « celui qui ne renonce pas à tous ses biens ne peut être mon disciple ». Pour cela, il n’y avait pas besoin de faire des calculs !
Cela nous fait peut-être peur. Mais nous sommes tous conscients de notre capacité à renoncer à ce que nous avons. Quand ? Quand la force de l’amour se fait un chemin en nous au-delà des conditionnements et circonstances de toutes sortes.
Supplions pour avoir cet amour qui nous « détache » de nous-mêmes et de nos biens pour vivre « attachés et épris » du Seigneur Jésus.

Sr Gotzone Mezo