Commentaire des lectures du vendredi 10 mai 2024 - « Je vous verrai à nouveau et votre cœur se réjouira »

Lectures :
Actes des Apôtres, 18,9-18
Ps 46,2-3.4-5.6-7
Jn 16,20-23a

« Ne crains pas, continue à parler et ne te tais pas, car je suis avec toi »

Celles et ceux qui ont vécu la rencontre avec le Ressuscité, reçoivent de Lui la mission d’être témoins de sa présence vivante au milieu du monde, annonçant par la parole et le style de vie que Christ est Seigneur. Nous tous qui essayons de suivre le Christ, nous sommes appelés à réaliser cette annonce ; nous sommes tous missionnaires.
Annoncer l’Évangile au milieu du monde est une belle aventure, mais elle n’est pas exempte de difficultés. Dans le livre des Actes des Apôtres, nous trouvons toutes celles auxquelles Paul a été confronté, spécialement celles qui dérivent du rejet, de l’opposition, et de la persécution de ceux qui avaient été ses frères dans la foi, dans le judaïsme, avant sa conversion au christianisme, et qui voyaient en Paul une menace.
Le lieu où prêche Paul est Corinthe, où il avait fondé peu de temps auparavant une petite communauté qui grandissait et s’organisait… mais qui avait besoin d’être soutenue, animée, accompagnée dans un environnement peu favorable à l’accueil du christianisme.
Devant la tentation de fuir le conflit, l’affrontement et le danger, Paul expérimente ce courage qui surgit de la certitude intérieure que le Seigneur est avec lui, vivant en lui. Ce courage que nous trouvons en tant de croyants qui risquent leur vie pour l’Evangile et en ceux qui furent les préférés de Jésus, les plus petits.
Que chacun de nous sentions aussi avec force, au milieu des tâches de la vie, là où le Seigneur nous a placés, sa présence ressuscitée et « ressuscitante », pour ne pas taire l’Evangile qui nous a été annoncé et nous donne la Vie et dont tant de personnes dans notre monde ont besoin.

« Je vous reverrai et votre cœur se réjouira, et votre joie personne ne pourra vous la ravir »

Le contexte du passage de l’Évangile de Jean que nous entendons aujourd’hui est celui de la dernière Cène ; Jean y situe le dernier discours de Jésus sous forme de dialogue avec les disciples qui l’accompagnent ; et comme d’habitude chez Jean, les paroles que le Maître leur adresse, n’est pas facile à comprendre pour eux.
Au verset 16 de ce même chapitre, Jésus leur avait dit, de manière énigmatique pour eux, « encore un peu de temps et vous ne me verrez plus, et peu de temps après vos me reverrez ». C’est à cette affirmation, confuse pour les disciples, que le passage d’aujourd’hui veut donner réponse.
C’est la possibilité de l’absence de Jésus, ce « ne plus le voir », qui fait référence à sa mort prochaine, qui est cause de la profonde tristesse parmi les siens, et il faut revivre cette expérience douloureuse que suppose la croix, pour pouvoir comprendre ce que signifie la promesse que Jésus leur fait dans ce passage : « Vous aussi, vous sentez maintenant de la tristesse, mais je vous reverrai et votre cœur se réjouira et votre joie, nul ne pourra vous la ravir ».
Car la joie à laquelle Jésus se réfère a à voir avec la « vision » du Seigneur. Non plus d’une manière physique, mais intérieure, qui surgit de la rencontre avec le Ressuscité et d’une vie éclairée et guidée par son Esprit qui habite en nous et en notre monde.
Comme le proclame un hymne de Pâques, c’est une joie « née dans la douleur », comme l’exprime aujourd’hui l’image des douleurs de l’enfantement de la femme, qui au moment de la naissance du fils, ressent une telle joie qu’elle en oublie toutes les peines de l’accouchement.
Avec la joie, Jésus promet aux disciples une pleine connaissance ; il ne sera plus nécessaire de poser des questions. La présence de l’Esprit les guidera vers la vérité tout entière.
En ce temps pascal accueillons la promesse que Jésus nous fait ; qu’elle nous permette de vivre en union avec Lui les événements de chaque jour car Il est la source d’une joie que personne ne pourra nous ravir.

Sœur María Ferrández Palencia