Commentaire des textes bibliques du mercredi 21 juin 2023, 11ème semaine du temps ordinaire

Lectures
2 Co 9,6-11
Ps 111,1-2.3-4.9
Mt 6,1-6.16-18
Vous serez toujours riches pour être généreux
Les versets de la 2de lettre aux Corinthiens que nous lisons dans l’eucharistie d’aujourd’hui se situent dans le contexte d’une collecte que Paul a initiée pour venir en aide à la communauté chrétienne de Jérusalem immergée dans une grande nécessité.
En lisant toute la réflexion de Paul à propos de cette collecte, il est perceptible qu’il ne parle pas seulement d’un recueil d’argent, pour une situation ponctuelle. Mon impression est que Paul soulève deux questions essentielles quant aux « conséquences » de notre foi dans la vie.
La solidarité indispensable qui nous implique tous pour qu’une vie digne soit possible et pas seulement pour quelques-uns. Qu’il est difficile d’être participant du Royaume si nous ne nous sentons pas requis par les besoins des frères ! Paul le présente comme quelque chose de totalement naturel, bien que nous ne le lisions pas dans ces versets : maintenant certains sont dans le besoin et nous autres venons à leur aide ; à un autre moment, quand nous serons dans le besoin, nous recevrons l’aide de nos frères. C’est très simple et très facile à comprendre, et combien compliqué à mettre en pratique !
Sommes-nous tentés de penser que ce sont les autres, ceux qui ont plus de moyens, qui devraient être obligés de collaborer avec ceux qui ont besoin d’aide ? Par définition, comme êtres humains et comme croyants, nous sommes tous appelés à cette solidarité, que nous devons exercer en conscience, comme le dit Paul. D’ailleurs, il suffira de graver en nos cœurs son affirmation : « vous serez toujours riches pour être généreux » Qui n’a pas reçu confirmation de cette vérité en voyant la capacité de partager des plus pauvres ?
Ne pratiquez pas votre justice… pour être vus des hommes.
Jésus profite de la référence à l’aumône, à la prière et au jeûne, pratiques habituelles dans toutes les traditions religieuses, pour nous mettre en garde. Et il semble que l’objectif de ses paroles ne soit pas tant l’invitation à faire l’aumône, prier ou jeûner. Il s’agit plutôt que nous soyons attentifs à notre attitude, à notre disposition, à nos attentes, à nos désirs… quand nous faisons quelque chose « d’objectivement » bon ou bien.
C’est le propre de notre nature humaine que le besoin « d’être », et il se peut que nous nous trompions de chemin et identifiions « l’être » avec la reconnaissance, l’admiration, l’éloge… qui viennent de l’extérieur. Nous aimons être reconnus pour ce que nous faisons bien. Et ce n’est sûrement pas mauvais, tant que nous n’essayons pas d’édifier notre « être » sur le reflet que nous recevons des autres.
Si nous approfondissons un peu ce que signifie vivre en dépendant de l’approbation, de l’acceptation, de l’admiration… peut-être comprendrons-nous que nous nous convertissons nous-même en « centre », et donc que ni Jésus ni le Royaume ne le sont plus. Triste récompense qui nous détourne de ce que nous voulions.
L’unique récompense complète et désirable est celle de nous sentir aimés de Dieu, présent dans notre vie, qui nous donne la capacité d’aimer et de nous donner. Tout est don et tout jaillit en nous à partir de ce don. Nous n’avons pas besoin de nous attribuer des mérites ni d’exiger de reconnaissances. C’est la relation avec le Seigneur qui génère la saine disposition à faire le « bien », non comme obligation mais comme conséquence naturelle de cet Amour dans lequel « nous vivons, nous mouvons et existons » ( Ac 17,28).
Bonne clé de discernement quand nous sommes tentés de chercher des reconnaissances, ou même de nous « apprécier » nous-mêmes parce que nous avons été « capables » de ne pas les chercher !
Sr Gotzone Mezo Aranzibia