Commentaire des lectures du Mardi de la 2ème semaine de Pâques
Lectures :
1 Co 2,1-10
Ps 118, 99-104
Mt 5,13,16
Dieu nous l’a révélé par l’Esprit
Paul écrit à la communauté toute jeune de Corinthe, une communauté qu’il a fondée, qui commence rapidement à expérimenter des divisions internes et où apparaissent des idéologies et des groupes qui s’affrontent. Ces groupes ont leurs propres leaders, des personnes sûrement pourvues de dons oratoires, éloquents, capables d’enflammer leurs auditeurs et de leur vendre ce qu’ils veulent entendre.
Paul en a conscience : ce qui est en jeu, c’est la prédication de l’Evangile et donc la vie de foi elle-même. Parce que le centre de l’Evangile est le Christ, dont la sagesse n’est autre que la folie de la Croix qui brise toute notre logique et nous fait entrer dans le MYSTERE de Dieu. La folie de l’Amour qui se livre jusqu’au don de la vie. Cette sagesse est un fruit de l’action de Dieu dans l’être humain, don de l’Esprit et qui peut donc seulement se recevoir. Personne ne peut se l’arroger, se l’approprier.
Paul fuit une prédication qui laisse ses destinataires éblouis par le messager, mais ne conduit pas à celui qui est le centre du message : le Christ. Il sait qu’il est nécessaire de « diminuer » comme nous le dit Jean Baptiste, pour que le Seigneur grandisse en nous. C’est seulement ainsi que la personne peut s’ouvrir à la sagesse divine, qui nous fait entrer sur le chemin de la foi comme expérience du salut que Dieu nous offre dans la faiblesse de l’Amour crucifié.
Vous êtes le sel de la terre
Dans l’Evangile de ce jour, Jésus ne nous dit pas « vous devez être » sel ou « vous devez être » lumière. Mais il dit : « vous êtes » sel et « vous êtes » lumière.
Dans la mesure où nous sommes, en vivant dans le monde, fortement enracinés en Dieu qui est notre source de Vie et d’Etre, nous sommes sel et lumière de la terre. Et cela n’est pas autre chose que de pouvoir, dans notre environnement, dans les relations que nous établissons alentour et en tout ce que nous faisons, laisser transparaître la lumière qui brille en nous, la lumière qui est Dieu lui-même, la lumière qui est toujours reçue pour être donnée.
Mais il est vrai, qu’au long du chemin, se collent sur nous des épaisseurs et des épaisseurs qui nous font vivre de plus en plus à la périphérie de nous-mêmes, qui déforment ce que nous sommes au fond et qui empêchent le passage de la lumière. Et s’il n’y a pas de lumière tout se convertit en obscurité, en confusion et nous perdons le nord, nous perdons le sens.
En chaque personne la lumière brille avec un ton, une couleur particuliers ; et cette couleur propre est ce que chacun de nous est appelé à offrir. Mais en même temps, nous avons besoin de la couleur des autres, de leur apport spécifique. Aucun de nous n’a tout, mais nous avons tous quelque chose à donner, à partager dans ce monde où tout est interconnecté et à cette époque en laquelle nous nous savons plus que jamais appartenir à une maison commune, à un projet commun qui ne sera possible que si nous savons construire un « nous » à partir de la richesse de la diversité.
Prenons conscience de tous les espaces, situations quotidiennes, personnes que Dieu met devant nous. Quelle est notre manière spécifique d’être lumière et sel pour notre entourage ? Comment collaborons-nous pour dissiper les obscurités autour de nous, pour favoriser une vie qui aie plus de saveur évangélique ? Qu’aujourd’hui, nous puissions découvrir chacun « notre part » dans l’ensemble, notre humble contribution à « cuisiner » au jour le jour dans cet Univers, dont nous sommes une particule infime mais si importante pour Dieu.
Sœur María Ferrández Palencia