Les évêques du Japon redisent leur opposition à l’énergie nucléaire

Publié le : 4 août 2020

Dans ce pays encore traumatisé par la catastrophe de Fukushima survenue en 2011, l’épiscopat s’associe aux forces de la société civile qui ont exprimé leur opposition à l’énergie nucléaire.

Un appel de l’Eglise catholique au Japon pour l’abolition de l’énergie nucléaire : c’est le titre du livre édité par la Conférence épiscopale japonaise dans lequel les évêques illustrent les raisons théologiques et éthiques de leur opposition convaincue à l’utilisation du nucléaire comme source d’énergie. L’objectif de la réédition de ce livre, dont une première version avait été publiée en 2016 mais qui est cette fois disponible aussi en version anglaise, est de faire connaître à l’Église universelle et au monde entier la position des évêques japonais sur la question nucléaire, un sujet auquel l’Église du seul pays au monde ayant subi les effets des bombes atomiques pendant la Seconde Guerre mondiale a toujours accordé une attention particulière.

Rédigé en collaboration avec des universitaires et des experts de différents domaines, le volume est divisé en trois sections qui présentent une analyse détaillée des limites technologiques de l’utilisation de l’énergie nucléaire et de ses lourdes répercussions environnementales et sociales, à la lumière de ce qui s’est passé à la centrale nucléaire de Fukushima en 2011, suivie d’une série de considérations éthiques et théologiques basées sur le Magistère de l’Église et en particulier sur l’encyclique Laudato sì’ du Pape François.

Une prise de conscience progressive sur la dangerosité du nucléaire
Déjà en novembre 2011, huit mois après l’accident, la Conférence épiscopale japonaise avait publié une déclaration pastorale soulignant les dangers des centrales nucléaires et appelant à leur fermeture, exprimant une position plus tranchée que celle exprimée dix ans plus tôt dans le message pastoral Respect révérenciel de la vie.

Dans ce dernier document, publié après la catastrophe de Tchernobyl en 1986 et les deux graves accidents survenus en 1997 et 1999 dans les centrales de Tokaimura, les prélats, tout en reconnaissant les avantages de l’énergie nucléaire pour l’humanité, avaient mis en évidence les dangers et les problèmes immédiats laissés aux nouvelles générations. Pour cette raison, ils ont appelé à la promotion de sources d’énergie alternatives plus sûres, mais ne sont pas allés jusqu’à demander l’abolition complète de l’énergie nucléaire au Japon.

Une fermeté éthique dans la lignée des appels du Pape François
La catastrophe de Fukushima, dont les conséquences environnementales et sociales dramatiques persistent encore aujourd’hui, a incité les évêques japonais à approfondir leur réflexion sur le sujet avec l’aide d’experts en la matière. Une importante stimulation pour cette réflexion est venue de Laudato si’. Et c’est donc en s’appuyant sur les réflexions du Pape François sur l’écologie intégrale que l’Église catholique japonaise a développé une réflexion beaucoup plus radicale que celle des autres épiscopats sur l’abolition de l’énergie nucléaire. Les évêques japonais avaient d’ailleurs reçu le soutien appuyé du Pape lors de sa visite dans l’archipel en novembre 2019.

À la lumière des enseignements de l’Évangile rappelés par l’encyclique, selon les évêques japonais, toute évaluation des avantages et des inconvénients de l’énergie nucléaire doit partir du principe chrétien du respect de la vie et de la dignité de tous, y compris des générations futures, et de celui selon lequel, en tant que partie de la création de Dieu, l’humanité a la responsabilité de protéger l’environnement qu’elle partage avec le reste de la création.

Source : https://www.vaticannews.va/

Document(s)

abolitionofnuclear_power.pdf (3 Mo)

 4 août 2020